vendredi 4 juillet 2014

Grossglockner, un Stüdlgrat pas si facile, 3-4 juillet 2014



Le lendemain de la victoire des Diables Rouges contre les USA à la Coupe du Monde, nous avons du mal à nous mettre en route. Nous avons particulièrement bien fêté les exploits sportifs de nos footballeurs, mais en payons le prix maintenant. Le fait que la météo est un peu maussade aujourd'hui ne fait rien pour relever nos esprits.


Au lieu de prendre la voie d'accès traditionnel à la Stüdlhütte par le Lucknerhaus et la Lucknerhütte, qui nécessite un trajet en voiture, nous optons de monter par la très peu courue vallée de Teischnitz.



Il faut avouer que la première partie de la montée n'est guère intéressante, une piste forestière ennuyeuse remonte la vallée en raidillons. Une fois sortie des sapins, ça devient plus joli, avec de belles vues sur la Bretterwand à notre gauche.


Par-ci et par-là, des restes de neige persistent. Au niveau du pont, le sentier menant vers la Studlhütte (située au col au milieu de la photo), part sur la droite. C'est déjà nettement plus agréable, on avance bien. La dernière heure, la météo devient vraiment exécrable (pluie/neige) et c'est avec joie qu'on arrive soudainement à la Studlhütte, 2801m.


Ce vénérable refuge du club alpin autrichien est un véritable temple culinaire alpin, on peut choisir entre plusieurs plats de très haute qualité. Vers 20h, nous faisons connaissance avec notre guide pour l'ascension du Grossglockner du lendemain, le très sympathique et reposé Michael Amraser de Kals.


Le lendemain, après une nuit dans laquelle on n'a pas beaucoup dormi, on se lève à 4h30. Le mauvais temps de la veille s'est enfuit, il fait magnifique, quelle chance !


Trois quart d'heures après, on est prêt à partir pour l'ascension du Grossglockner par la Studlgrat (AD, jusqu'à IV-).


Vue du refuge vers le début de la montée dans la caillasse.


De l'autre côté de la vallée, à gauche du Fanatkogel, 2906m, les premiers rayons de soleil touchent les deux points culminants de la Schobergruppe, le Petzeck, 3283m, et le Roter Knopf, 3281m.


La Studlhütte. Au-dessus, Fanatkogel, 2905m, et Freiwandspitze, 2915m.


La vallée de Teischnitz, et derrière, le Rotenkogel, 2762m, les Deferegger Alpen et les Dolomites.


Vingt minutes après, on voit le Grossglockner pour la première fois.


Et dix minutes après, les vues s'améliorent encore. A gauche, l'arête nord-ouest avec la Hofmannspitze, 3711m, et les Teufelshorn, 3680m. Au milieu, le Studlgrat.


Michael en route vers le Grossglockner.


Au milieu de l'image, le Muntanitz, 3232m, facile d'accès (sentier).


Comme on met pied sur un glacier (Teischnitzkees), il est temps de s'encorder.


Le glacier n'est pas très raide, on avance facilement droit en direction du Studlgrat.


On peut bien apercevoir la Erzherzog-Johan-Hütte, 3454m, plus haut refuge de l'Autriche.


Arrivés au pied de l'arête, à la Luisenscharte, on chausse nos crampons. Début des affaires sérieuses.


Très belles vues sur le Hochgall, 3436, Rötspitze, 3496m, et le Grossvenediger, 3674m, au milieu, et Höher Fürleg, 3243m.


Le début ("Peterstiege"), bien que déjà bien raide, n'est pas difficile (I-II), mais comme tout est sous la neige, on doit faire attention.


Passage déjà plus difficile, la "Kaminrinne" (2+).


La Kaminrinne vue d'en bas.


Ensuite, on revient sur l'arête même.


Belle vue sur la Hofmannspitze, 3711m.


Pas tomber ici ! Bien que j'avance bien, ce n'est quand même pas mon terrain préféré.


Sur l'arête, un peu avant le Frühstücksplatzl.


Frühstücksplatzl, 3550m. C'est le début des "vraies" difficultés. Celui qui a mis plus que trois heures depuis le refuge, est prié de descendre (nous avons mis 2h30) !


Le guide a bien vu que je n'étais pas tout à fait à l'aise, et change ma place dans la cordée, directement derrière lui. Ici, on est en train de remonter la "Verschneidung" (3).


Presqu'arrivé au bout de la Verschneidung.


Enormément de gaz en-dessous de nous.


Le fameux passage du Kanzel (3), très exposé.


Passage très raide (3) avant d'arriver sur un morceau un peu plus "plat".


Prise de vue d'un passage raide, aidé par une corde fixe (3/A0).


Je suis Michael en faisant très gaffe à où je mets mes pieds.


L'arête plate juste avant le passage raide.


Passage très impressionnant, pour moi probablement le plus difficile. Sans corde fixe, je ne serai jamais monté dans ces conditions-là.


En haut du passage raide.


Le paysage est magnifique, mais on est tellement concentré, qu'on n'y fait pas attention.


Vue plongante sur le Ködnitzkees, par où passe la voie normale.


L'arête est très fine et exposée ici.


Et ça continue, cette arête est vraiment très longue.


On se retrouve presqu'à la fin des difficultés.


Plus que quelques rochers très lisses recouverts de neige à monter (2-3). Et zut, voilà ce qui ne peut pas passer en haute montagne: je ne me sens pas très sûr, je n'arrive pas à bien mettre les crampons sur les rochers, je glisse, et c'est la chute ! Tout va très vite, je ne tombe que quelques mètres, et me retrouve soudainement à l'envers, 600 mètres au-dessus du glacier, ma tête vers le bas, catapulté contre la pente de neige, mais bien assuré par Michael. J'arrive à ma redresser et fait le bilan de la chute. Rien de cassé, pas de bleus, un peu peur quand même, un de mes crampons ne tient quasi plus à mon pied. J'enlève le crampon et commence à remonter la pente raide (50°) avec.


Sans problèmes maintenant, j'atteinds l'arête suivi de Rêveur 4000 D qui a vu tout ce qui s'est passé.


Michael est décidément très cool, pas de reproches, d'engueulades. Calme et reposé, il inspecte les dégâts.


Mon crampon est cassé en deux ! Mais il arrive à le réparer avec un peu de ficelle, qu'il sort miraculeusement de son sac à dos. Merci au guide, ça vaut parfois la peine de douiller et de faire appel à eux ! Je me sens un peu gêné quand même.


Petite pause pour se remettre des émotions, et puis àa continue. Nous voilà dans le dernier passage raide et difficile.


Une espèce de rampe nous fait gagner de l'altitude.


Et voilà qu'on voit la croix sur le sommet, ainsi que quelques alpinistes arrivés par la voie normale.


Malgré ma chute, je ne perds pas la bonne humeur. Je monte avec sufissamment de confiance et sens que le sommet est proche.


Et voilà, c'est réussi ! Nous sommes 'on top of Austria', 3798m, après une montée de +/- 5h. Une des premières choses que je dits face à la caméra de Rêveur 4000 (D), c'est de promettre à ma chère et tendre que je ne vais plus risquer ma vie en faisant des conneries pareilles sur des hauts sommets. Mais serai-je capable de tenir cette promesse ?


Le panorama est tout simplement indéscriptible. Des montagnes vertes, grise, bleues, blanches partout où on regarde.


Le Grossglockner a la réputation justifiée d'être une montagne méga-surpeuplé, mais nous avons de la chance. La plupart des alpinistes ne semble pas encore avoir atteint le sommet.


Au milieu de l'image, le Grosses Wiesbachhorn, 3564m. A droite, le Fuscherkarkopf, 3331m.


Schobergruppe, Deferegger Alpen et Dolomites.


Le très impressionnant Kleinglockner, 3770m. La traversée du Gross- vers le Kleinglockner est un des passages clé dans l'ascension et la descente.


Nous entamons la descente vers la Glocknerscharte, entre les deux sommets du Grossglockner. Il faut se concentrer ici, plus question de glisser !


La Glocknerscharte. A gauche, le fameux couloir Pallavicini.


De l'autre côté de la Scharte, une corde fixe aide à remonter vers le sommet du Kleinglockner. Ambiance incroyable et très exposée.


La partie supérieure de l'arête où je suis tombé.


On traverse le sommet du Kleinglockner par la droite.


Du sommet du Kleinglockner, une pente de neige raide mène vers le bas. D'enormes barres en métal aident à assurer.


Dernier passage raide ("Glocknerleitl"), et puis c'est fini, la pente s'adoucit. Devant nous, la partie orientale de la chaîne des Hohe Tauern (Hocharn, Hoher Sonnblick, Schareck).


Pour nous, c'est presque fini. Pour bien d'autres alpinistes, ce n'est pas encore le cas. On en a croisé plein dans le Glocknerleitl, la langue enneigé derrière nous.


Descente vers la Erzherzog-Johann-Hütte (également appelé Adlersruhe). Au fond, la Schobergruppe.


On croise toute une meute: des soldats de l'armée autrichienne, specialisés dans la haute montagne. Voici un extrait de Wikipedia:

"La 6e brigade de chasseurs (6. Jägerbrigade en allemand, abrégé 6. JgBrig) est la brigade d'infanterie de montagne de la Bundesheeer, l'armée autrichienne. Similaire à une brigade d'infanterie classique, elle est spécialisée dans les opérations de haute montagne – l'ensemble de ses soldats sont des chasseurs alpins – mais aussi sur des terrains difficiles ou dans des conditions extrêmes."


Quelle belle vie (bien que ça a l'air bien dûr quand même leur formation), être formé gratuitement dans les techniques de l'alpinisme.


Les deux Rêveurs devant le Kleinglockner.


Erzherzog-Johann-Hütte et la Schobergruppe (Petzeck, Roter Knopf, Glödis, Hochschober).


Descente relaxe alors que derrière nous, la foule se presse pour monter.


Arrivée au refuge à 3454m. Mon crampon rafistolé vient de casser à nouveau, mais ce n'est plus si grave, heureusement que ça ne s'est pas passé à la Glocknerscharte.


Après une bonne collation au refuge, nous continuons la descente.


Quelques derniers moments de concentration en suivant une espèce de via ferrata qui mène au glacier par des rochers verglacés...


... et nous atteignons le glacier de Ködnitz.


Nous sommes vraiment très contents de notre ascension, quelle aventure ça a été !


Schobergruppe (Roter Knopf, 3281m, Glödis, 3206m et Hochschober, 3242m).


Descente paisible vers la Studlhütte.


Les derniers mètres sur le glacier...


... avant d'atteindre un sentier.


Gros plan sur Gross- et Kleinglockner, où les chasseurs alpins semblent arriver.


De retour à la Studlhütte où nous ferons une pause bien méritée. Nous disons au revoir à Michael qui attend un autre groupe pour remonter le lendemain au Grossglockner par la VN et entamons la descente vers Kals.


Pendant que moi je profite pleinement de cet environnement de haute montagne et des vues sur ce qu'on a accompli, Rêveur 4000 (H) n'en a toujours pas assez et décide de monter sur le Fanatkogel voisin.


Nous devons redescendre toute cette longue vallée.


En descendant les vues deviennent à nouveau spectaculaires.


Il fait très beau, et les marmottes sont de sortie.


Avec le zoom, je peux repérer un beau sommet pointu: le Hochgall, 3436m, dans la Rieserfernergruppe au Tyrol du Sud.


La très belle partie supérieure de la vallée de Teischnitz.


Un dernier regard vers la Hofmannspitze et le Grossglockner.

En résumé, je peux dire que l'ascension du Grossglockner est une très grosse et belle aventure. Nous l'avons escaladé par une voie qui n'est pas si évidente, dans des conditions quasi hîvernales, et "by fair means" ! Même s'il existe des voies plus raides, plus difficiles, moins protégées ou courues, je considère que le Grossglockner par le Studlgrat est l'apogée de mes sorties alpines jusqu'à ce jour. Merci à mon compagnon de cordée et au guide !

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