samedi 7 septembre 2013

La reine des Alpes Maritimes: Cima Argentera, 3297m, 06-07 septembre 2013


(Extrait de la carte Michelin)


Dommage pour les prétendants au sommet du Mont Viso ce jour-là, mais la nuit apporta de l'orage, obligeant les alpinistes partis la nuit à rebrousser chemin. Il est vrai, parfois, que la réussite ou non d'une ascension dépend tout simplement de la chance. Parfois on a du bol, parfois la poisse. Encore une fois, cette fameuse chance est de notre côté (comme elle l'est déjà depuis une semaine), car nous quittons le refuge Quintino Sella par un temps ensoleillé.


Nous restons émerveillés devant le spectacle offert par la grande muraille est du Monviso.


Dans un brouillard dense, qui se lèvera petit à petit, nous atteignons le Passo Gallarino, 2751m, et traversons les pentes de la Punta Trento en direction du Passo San Chiafreddo, 2764m.


En haut du col,vue sur le Lago Lungo, 2743m, et la Rocca Meano, 3060m.


Il y a bien du monde qui s'est amusé ici: des centaines et des centains de cairns peuplent cette plaine d'altitude. Evidemment, nous y ajoouterons notre humble construction. Derrière, on peut apercevoir le bivacco Bertoglio, 2760m.


Après, c'est une très grosse descente par le Giro del Viso vers le Vallone di Vallanta.


Gros plan sur des sapins poussant à la limite extrème des arbres dans les Alpes (2500m !).


Le sentier magnifique du Giro del Viso.


Quatre heures après le départ du refuge Quintino Sella, nous regagnons la voiture garé au hameau de Castello. Nous reprenons le Valle di Varaita pour gagner la désormais bien connue plaine du Pô. Petit stop dans un supermarché à Borgo San Dalmazzo, puis c'est le Valle Gesso qui nous mène en plein milieu de la formidable chaîne des Alpi Marittime. Après le hameau de Terme di Valdieri, une petite route aventureuse et non-goudronnée (aï les pneus crevés !) nous fait gagner quatre cents mètres supplémentaires pour arriver finalement au Pian della Case del Re, 1743m. Nous sortons émerveillés de la voiture, quelle belle nature, que de belles montagnes autour ! Du côté italien, c'est un parc régional qui protège ces merveilles, du côté français c'est le fameux parc national du Mercantour qui fait la même chose.


D'emblée, il nous est donné d'observer les habitants de cette délicieuse vallée, déjà bien ronds en préparation pour l'hîver prochain.


Blotti en-dessous de montagnes majestueuses, le rifugio Remondino, 2485m, constitue le point de départ pour la course menant au plus haut sommet des Alpes maritimes, l'Argentera Sud.


La montée au refuge Remondino est relaxe, sept cent mètres pour deux heures de "travail", c'est rien comparé à ce qu'on fait les jours précédants.


L'architecture intéressante du refuge Remondino.


Arrivés au refuge, le comité d'acceuil est déjà présent.


Le refuge Remondino est à nouveau un des refuges italiens ultra-relaxes, tenu par deux charmantes dames, dont une est la femme du connu alpiniste Patrick Gabarrou. Devant une petite Birra Moretti, nous étudions la voie d'ascension du lendemain: à gauche l'antécime (3257m) de l'Argentera, à droite le Passo dei Detriti, 3122m, et son couloir d'accès ultra-raide.


Repas du soir excellent. Le départ le lendemain est prévu à 6h30, pas plus tot car nous risquons de perdre le chemin dans le chaos d'éboulis. Et c'est exactement ce qui arrivera aux Italiens qui passent également la nuit au refuge pour faire l'Argentera. Ils se lèvent facilement une heure avant nous, et c'est avec étonnement et amusement qu'on les observe errer et se perdre dans ne noir. Nous partons à l'heure prévue et gagnons rapidement de l'altitude. Vue sur la Cima de Cessole, 2960m.


Le terrain est très raide, certes, mais nous sommes en grande forme ! Une heure et demi après le départ du refuge, nous aatteignons le Passo dei Detriti, où nous rencontrons les Italiens partis une heure avant nous.


C'est quand même un peu dommage qu'on ne voit absolument rien autour de nous, j'aurai vraiment voulu voir davantage le paysage environnant. Les passages suivants requièrent beaucoup de concentration et le pied sûr, mais ne peuvent nous inquièter.


Nous voilà déjà au couloir final menant à l'arête à droite du sommet.


Le crux de l'ascension, un bon II+ à mon avis (sans utiliser la corde fixe).


Deux heures et demi après le départ matinal, nous sommes au sommet de l'Argentera Sud, plus haut sommet des Alpes maritimes, ainsi battant pour la première et unique fois de ce séjour l'horaire de Richard Goedeke dans son livre sur le 3000 des Alpes occidentales.


Dans la descente du couloir, nous croisons les joyeux Italiens chez qui l'utilisation de couleurs fluos n'est toujours pas démodée.


Le passage des cordes fixes.


Les Alpes maritimes, un monde minéral hors du commun.


La Cima de Argentera.

Dernier regard sur le monde merveilleux des Alpes maritimes. Une nouvelle visite s'impose, il y a encore la Corno Stella, le Mont Clapier, la Cime du Gelas, le Mont Ténibre, le parc national du Mercantour, etc., à découvrir !

jeudi 5 septembre 2013

Il Re di Pietra, Monviso, 3841m, 4-5 septembre 2013


Extrait de la carte Michelin


Une bonne nuit  de sommeil après la course épique de la veille, et nous sommes à nouveau en pleine forme. C'est dommage que nous devons quitter le rifugio Gastaldi, havre de paix et de zenitude en-dessous de la Bessanese, mais un objectif plus haut et prestigieux nous appelle: nous allons nous mettre en route vers le Monviso !


Belle vue sur le Val di Ala et la plaine du Po. La montagne pyramidale à droite est la Torre d'Ovarda, 3075m.




Très vite, nous rejoignons notre voiture au parking de Pian della Mussa. Suit un deuxième très long trajet en voiture par le Val di Ala, la périphérie infernale de Torino et des plaines chaudes, ennuyeuses et chaotiques. La route du Col Agnel nous fait retourner dans la montagne. Cette partie des Alpes s'appelle les Alpes cottiennes et le Monviso est son plus haut sommet. Nous nous garons après cinq heures de trajet au village de Castello au bord d'un lac artificiel. Il y a un monde de fou et on est en plus milieu de semaine. Qu'est-ce qu'il va nous attendre en haut de la montagne ?


Nos craintes initiales se confirment, car nous croisons des foules et des foules de randonneurs qui, fort heureusement, descendent tous: buon giorno, salve, arrivederci !


Après une heure de montée, nous quittons le boulevard (un peu ennuyeux) du fameux Giro del Monviso et commençons à monter la vallée perpendiculaire menant aux Laghi delle Forciolline. Au bout, le sentier monte une très raide combe au milieu d'arbres poussant jusqu'à 2500m, ça doit être un record alpin !


Le chemin est pénible mais nous gagnons rapidement en altitude. Le brouillard crée une l'atmosphère mystérieuse.


Nous sommes presqu'au bout de nos peines. Un monde minéral étrange composé de sommets inconnus nous acceuille.


L'objectif de la journée est en vue: le bivacco Borelli, 2810m (3h30 et 1200m de montée depuis Castello).


Ce bouquetin nous amusa fortement avec ses acrobaties.


Le bivouac Borelli, qu'on devra partager ce soir-là avec trois Israéliens, deux Italiens, deux Français et un individu silencieux et solitaire dont on apprendra ni le nom, ni sa nationalité, ni son objectif du lendemain.


Malgré la présence de dix personnes au bivouac, nous y passerons une agréable soirée en y faisant notre propre "popote".


Mjam, des nouilles chinoises !


Nous nous levons de bonne heure (5h du mat'), et quittons le refuge une heure et quart après. On est chanceux, ça va être une belle journée. Néanmoins, nous avons intérêt à ne pas traîner, le Viso a la réputation de s'envelopper de nuages dès l'heure de midi.


Au-delà du Passo delle Sagnette, par lequel nous mènera la descente au refuge Quintino Sella, d'énormes formations nuageuses se dessinent au-dessus de la plaine du Po.


Voilà enfin notre première vue de la face sud du Monviso. Le sentier, fort évident, traverse le champ d'éboulis pour déboucher sur la morraine à droite de l'ancien glacier du Viso. Ensuite, il traverse de gauche à droite en-dessous des premiers rochers. A gauche, le Viso di Vallanta, 3781m.


Petite pause au Bivacco Andreotti, 3225m, et on poursuit notre ascension. Nous sommes en haute montagne depuis quelques jours maintenant et ça commence à se faire sentir: nous progressons rapidement et doublons des alpinistes ayant quittés le bivouac avant nous ou partis du refuge Sella.


Au-delà de l'arête, la plaine du Po et ses inévitables nuages, au-dessus desquels pointent les plus hauts sommets des Alpes Maritimes, dont la Cima Argentera, 3297m.


Un névé pas trop raide (on n'a pas besoin des crampons) nous mène au début des difficultés rocheuses.


Le terrain est raide et ne pardonne aucune erreur mais nous décidons de ne pas s'encorder, ce sera chacun pour soi. Evidemment, la situation serait différente si on aurait de la neige ou des passages verglacés, mais là tout est sec !


Nous faisons l'ascension dans la présence des deux sympathiques Français rencontrés au bivouac.


La montée n'est pas très difficile: du I et du II, un pas de III ("Il Fornelli"). Maintenant, ceci dit, si on s'est senti parfaitement à l'aise dedans, et qu'on ne s'est pas encordé, c'est parce qu'on fait cela depuis des années. Néophytes et débutants dans la matière, allez-y sans craintes mais payez vous les services d'un guide.


La présence de marquages jaunes rend l'orientation dans ce chaos assez facile.


Plus vite que prévu (il aura fallu 3h30 depuis le bivouac), nous atteignons le sommet du Monviso, 3841m, où il y a déjà toute une foule présente. La première ascension du Monviso s'effectua le 30 août 1861 par William Matthews, Frederick William Jacomb, Michel Croz et Jean-Baptiste Croz.


Dominant ses voisins de plusieurs centaines de mètres, le Viso offre bien évidemment un panorama exquis sur les Alpes de l'ouest. Ici, un gros-plan sur le versant sud inconnu du massif des Ecrins. De gauche à droite: Ailefroide, 3954m, Pic Sans Nom, 3913m, Mont Pelvoux, 3946m, Barre des Ecrins, 4102m.


Au-delà de la plaine du Po, les Alpes valisannes: le Cervin à gauche et tout le massif du Mont Rose à droite.


Le sommet du Viso est composé de deux cimes reliés par une fine arête de neige. Brièvement, j'ai peur qu'il nous faudra traverser la brèche pour atteindre le point le plus haut mais la croix se trouve bien sur le point le plus élevé.


Un beau sommet prestigieux, heureux d'y être.


On resterait des heures sur cette belle montagne...


... qui est le vrai et seul seigneur de ces lieux, il Re di Pietra (le Roi de Pierre). Vue sur la partie nord des Alpes cottiennes (Pointe de Marte, 3152m, Monte Granaro, 3166m, Monte Meidassa, 3105m).


Après une demi-heure de contemplation tranquille dans ces lieux majestueux, il est temps de descendre.


Il s'agit de rester très concentré et ne pas faire de chute (en alpinisme, il y a une règle très simple à suivre: ne JAMAIS tomber).


Des traces évidentes nous mènent au pied de la paroi...


... toujours en compagnie des deux Français avec qui on a fait l'ascension.


Je reste un peu derrière pour pouvoir photographier mes "sujets".


Ceci est le passage clé de l'ascension/la déscente (III).


Fin des difficultés à l'arrivée au Bivacco Andreotti.


Une fois arrivés au Passo delle Sagnette, 2991m, la brume typique pour le coin nous enrobe. La suite de la descente se fait par une via ferrata construite il y a deux ans car le couloir par lequel l'ascension du col se déroulait est devenu très instable. La via ferrata est relativement dûre, en tous cas plus difficile que je ne l'aurais imaginée. Mais tout se passe bien et après huit heures de course, nous arrivons au refuge Quintino Sella, 2640m, et le Lago Grande di Viso, 2590m. Le refuge est très fréquenté (ça se sent - pas trop encore - au niveau de la serviabilité) car point de départ classique pour le Monviso et lieu d'hébergement important sur le Giro del Viso.


Le refuge Quintino Sella au soir après une averse. Le Monviso nous montre ici son impressionante face est, ainsi que l'arête est (course populaire côtée AD) et l'arête nord-est.