dimanche 17 juin 2007

2007-06: Cabane de Chanrion et ses environs

L'idée d'une nouvelle escapade dans les montagnes suisses naquit, comme ça avait déjà si souvent été le cas, lors d'une agréable soirée passée au New Roc, derrière une véritable montagne de spaghetti bolo et dans la compagnie d'une bonne trappiste.

On s'est relativement vite mis d'accord sur notre objectif: l'imposant sommet de la Ruinette, 3875m, au Valais occidental. Ce presque-4000, escaladé pour la première fois le 5 juillet 1865 par le fameux Whymper, avec Christian Almer et Franz Biner, soit huit jours avant l’ascension du Cervin, promettait de constituer un belvédère incroyable sur les grands sommets de 4000m et plus tout autour. Accèssoirement, on pensait aussi à une ascension de la pointe d'Otemma, superbe triangle au-dessus de la Cabane de Chanrion, dans laquelle on allait se baser pendant deux jours.

La mi-juin, on se met finalement en route ! Une fois arrivé à la frontière suisse et passé le poste frontal, le déluge commence: une véritable "drache nationale" s'abbat sur nous et nous accompagne jusque dans le val de Bagnes.


(Extrait Swisstopo)

Le parking en-dessous du barrage de Mauvoisin.

Quand on voit ses mignons panneaux jaunes, on sait qu'on est en Suisse !


Rêveur 4000 (D) fait le point de la situation: il ne fait pas beau mais ma météo semble évoluer positivement.

Vue sur les contreforts du très imposant Pleureur, 3704m.

Nous montons au sommet du barrage de Mauvoisin, un chef d'oeuvre architectural haut de quelques 250m (=deuxième barrage-voûte du monde du point de vue de la taille), et suivons ensuite la route tout le long de la rive ouest du lac. Les différentes cascades artificielles et non-artificielles nous émerveillent tout le long du chemin.

Vue sur le barrage et le lac. Petit à petit, la météo s'améliore.

Après avoir atteint le bout de ce lac vraiment très long (au-delà de 5km), nous pénétrons dans un merveilleux paysage sauvage et deserté (nous ne verrons personne ce jour-là).

Après une montée de 3h30, nous arrivons au refuge. Bien que celui-ci n'est pas encore gardé (il le sera deux jours après), on peut quand même déjà faire usage de toute sa surface.

Nous ne devons pas nous battre pour une bonne place au dortoir !


Le lendemain, levée à 5h. Nous voulions entreprendre l'ascension de la Pointe d'Otemma, 3403m, PD, mais nous rendons tout de suite compte que c'est hors de question aujourd'hui: il neige légèrement, une fine couche blanche couvre tout au-dessus de 2800m. Aller s'aventurer sur une montagne dont la voie normale n'est pas très claire, en plus en difficulté II-III, et couvert de neige, c'est de trop !

Nous nous décidons alors de voix unanime de s'abattre sur le Mont Avril, 3347m, sommet réputé facile, mais aujourd'hui on ne fait pas les difficiles !

Pour ce qui est l'ascension de la Ruinette, nous abandonons cette idée-là: la montagne, que nous pouvons apercevoir à travers les nuages, se présente sous une épaisse couche de neige, ce qui allait certainement nous retarder, et peut-être même rendre dangereuse la montée.

A gauche, le Mont Gelé, 3518m, et à droite le Mont Avril. En bas, le lac de Chanrion.

En descendant dans la vallée, nous apercevons le magnifique Bec d'Epicoune, 3529m. La voie normale (PD+), monte par l'arête Nord, à gauche.

Nous lâchons un cri de bonheur en voyant cette merveilleuse masse de rochers et de neige, la Ruinette ! La photo parle pour elle-même, les conditions semblent bien hivernales là-haut.

La montée vers la Fenêtre de Durand, 2797m, nous fait parcourir des paysages d'une beauté époustouflante !

Début d'un énorme névé, le chemin est sensé suivre la moraine de gauche mais nous préférons suivre le flanc droite.


Le chemin monte graduellement...

Rêveur 4000 (D) dans les dernières pentes avant le col.

Arrivée à la Fenêtre de Durand. Un énorme panorama sur les montagnes du Val d'Aoste nous attend. On se rend compte qu'on est encore tôt dans l'année: une partie du col est couvert d'une couche de neige de deux mètres de hauteur !


Comme la brume semble arriver, nous ne tardons pas et continuons la montée au sommet.


Un petit chemin monte la pente en zig-zag, le terrain est très facile mais l'altitude nous fait marcher plus lentement.

Une cinquantaine de mètres en-dessous du sommet, un gros névé nous bloque le chemin. Nous sommes heureux de cette petite touche "alpine" et chaussons les crampons. Calmement, nous montons le névé raide (35° selon Rêveur 4000 (D).



Heureux, nous arrivons au sommet. La vue est époustouflante: les Combins tout proche, les innombrables sommets du Valais, le Grand Paradis, La Grivola, etc.

Combin de Grafeneire, 4317m, à gauche, et le Combin de la Tsesette, 4141m, à droite.

Une mer de montagnes, tous à découvrir...

Les deux géants du val d'Aoste: le Grand Paradis, 4061m, et la Grivola, 3969m.

Le Bec d'Epicoune reste un sommet merveilleux, vu d'en bas ou d'en haut.

Rêveur 4000 (D) essaie - en vaine- de joindre ses proches. Un peu plus tard, quelques dizaines de mètres en bas du sommet, il trouvera finalement du réseau.


Ascension "héroïque" du point le plus haut du Mont Avril :-)

Nous descendons le petit névé sans aucune peine.

Vue plongeante sur la Fenêtre de Durand.

L'enorme masse du Mont Gelé veille sur nous.

En face de nous, la Ruinette et la Pointe d'Otemma.

Après une contre-montée de +/- 200m, nous voilà de retour à la Cabane de Chanrion. Nous sommes bien contents de notre ascension du Mont Avril.

On relaxe, on mange, on boit un petit verre d'une boisson délicieuse :-)

Remarquez sûrtout les magnifiques pantoufles !

En face du refuge, la face est du Combin de Tsessette, haute de 1000m, est particulièrement impressionnante.

Pris d'un coup d'euphorie soudaine, nous décidons d'explorer le début de la voie normale de la Pointe d'Otemma. En route, on rencontre ce troupeau de bouquetins.

Arrivé vers 2700m, on arrête la montée. La pente est très délicate et raide et nous nous sentons fatigués de l'ascension qu'on a déjà entreprise aujourd'hui.

La Ruinette est très attractive, mais hélas, nous savons que les conditions actuelles ne nous permettront pas d'en faire l'ascension.

Les vues sur le Mont Gélé, le Mont Avril et les lacs de Chanrion restent magnifiques !


En descendant de la Pointe d'Otemma, nous découvrons un vaste champs de blocs, dont l'escalade nous fournit des moments forts !

Rêveur 4000 (D) est très à l'aise dans ce genre de terrain et surmonte facilement les difficultés.

Faire du bloc dans un paysage pareil est un rêve !

Le soir, nous avons une bonne discussion avec Jacky Farquet, le sympathiqye gardien de la Cabane de Chanrion, qui vient d'arriver ce jour-là. Dès le lendemain, le refuge sera ouvert et gardé jusque fin septembre. Le gardien nous avertit de l'orage prévu pour demain après-midi. Ainsi, nous décidons de renoncer à la Pointe d'Otemma et de se mettre au chemin de retour dès le lendemain matin. Nous lui disons que nous retournerons peut-être en septembre pour refaire un essai sur les deux montagnes.

Après une bonne nuit de sommeil, une extra-ordinaire matinée. Pas un nuage au ciel bleu, les couleurs sont très vives.

Nous choisissons le chemin du col et du Lac de Tsofeiret pour rentrer. La Pointe d'Otemma à droite.

Ce petit pont nous aide à traverser le courant qui provient du glacier de Brenay.

Motif classique, certes, mais ça marche à tous les coups !

Combin de Tsesette, plus beau que jamais.

Arrivés au Col de Tsofeiret, 2635m, nous jetons un dernier regard sur le Mont Gelé et le Mont Avril.


A partir d'ici, le chemin suit un balcon panoramique au-dessus du Lac de Mauvoisin.

Le Lac de Mauvoisin, au fond, et le Pleureur, à droite.







Après une descente raide, nous arrivons au barrage. Nous sommes un peu tristes que l'aventure est déjà finie. Certes, nous n'avons pas atteint nos objectifs, mais sommes quand même très satisfaits des beaux moments vécus.

Quand on part pour quelques jours seulement, il faut tout simplement avoir de la chance avec les conditions. La neige profonde nous aurait sérieusement ralenti dans la longue montée à la Ruinette, et aurait pu rendre les secteurs supérieurs dangereux. En ce qui concerne la Pointe d'Otemma, il était hors de question d'entamer la grimpe quand celle-ci était couvert d'une couche de neige fraîche.