samedi 3 juillet 2010

Le tour du Göscheneralpsee dans les Alpes de Uri


(extrait carte Swisstopo)

30.06.2010: Belgique - Suisse - Göscheneralpsee, 1782m - Bergseehütte, 2370m


Une première cette année: mon fils aîné, Axel, âgé de 8 ans, m'accompagne pour la première fois dans les montagnes suisses, sortie que je lui avais promise après la très bonne expérience faite dans les Pyrénées l'année avant.

Chercher une randonnée de refuge en refuge adaptée pour un enfant de 8 ans n'est pas si facile que ça ! Les horaires doivent rester limités à maximum 4 à 5 heures/jour, les dénivelés pas trop énormes et les difficultés modestes. Finalement, je me décide pour les Alpes d'Uri, canton suisse germanophone très centrale et doté d'un réseau de refuges et de randonnées excellent, et plus précisément pour le tour du Göscheneralpsee. D'aide énorme dans mon choix était l'excellent livre "Hüttentrekking Schweiz" !

Ma décision de prendre la voiture cette fois-ci était la bonne: nous sommes partis de bonne heure de chez nous et arrivons déjà à notre point de départ, le barrage du Göscheneralpsee, au milieu de l'après-midi. Je suis bien conscient du caractère peu écologique de ce moyen de transport, mais la flexibilité et le prix du trajet (la moitié d'un billet de train, et c'est bien dommage) sont très certainement à prendre en compte.

Un joli chemin remonte du barrage, à 1782m, en direction de la Bergseehütte. Il fait chaud et le temps est un peu orageux.

A mi-chemin, le paysage marécageux et protégé d'Am Berg, 1951m, s'ouvre devant nous. Derrière, les sommets du Gandschijen, 2389m, et un bout du Salbitschijen, 2981m.

Rencontre avec la faune locale...

Il commence à pleuvoir légèrement et on met nos vestes.

L'averse ne sera que de très courte durée. Axel tient bien le coup.

Nous nous engageons de plus en plus dans un monde gris et désolant dans lequel il n'y a plus beaucoup de place pour d'autres couleurs. Les crêtes déchiquetées du Hochschijen, 2634m, se dessinent contre un ciel toujours menaçant.

Vers 2300m, nous croisons le chemin qui vient de la Bergseeschijenlücke, passage donnant l'accès à la Voralphütte.

Après une montée de deux heures, nous arrivons enfin à la Bergseehütte, 2370m.

Ce refuge agréable est tenu par Toni Fullin, guide de montagnes et véritable spécialiste des montagnes d'Uri. Moins connu que le refuge de Salbit et les fameux Salbitschijen, ce refuge constitue néanmoins un point de départ exquis pour un nombre énorme d'escalades alpines dans un granit parfait.

Après avoir mangé le repas du soir et fait connaissance avec les deux autres personnes présentes ce soir dans le refuge, un couple hollandais faisant de l'escalade, nous passons d'agréables moments dehors et profitons pleinement du panorama.

Vue plongeante sur le lac d'artificiel du Göscheneralp.

De l'autre côté de la vallée, des sommets spectaculaires se montrent de temps en temps: Gletschhorn, 3305m, Galenstock, 3585m, et Vorderer Rhonestock, 3566m.

01.07.2010: Bergseehütte, 2370m - +/- 2600m - Chelenalphütte, 2350m

Le lendemain, nous sommes réveillés par les rayons du soleil rentrant dans le dortoir. La vue de la chambre est spectaculaire (ici, on voit les montagnes au nord de l'Oberalppass).

Les sommets du Bergschijen, 2815m, et du Hochschijen.

Dortoirs agréables et on n'a pas du les partager avec d'autres personnes !

On ne voyait pas grand chose hier soir, mais la journée d'aujourd'hui s'annonce bien: la vue sur le massif du Winterberg (plus haut sommet: le Dammastock, 3630m) est époustouflant.

Bergseeschijen et Schijenstock, 3161m.

Beau paysage glaciaire dominé par le Lochberg, 3040m, le col du Winterlücke, 2854m, le Winterstock, 3203m et le Gletschhorn.

Petit déjeuner tout tranquille, les grimpeurs hollandais ayant déjà quittés le refuge tôt le matin.

Derrière le refuge commence le sentier en direction de la Chelenalphütte, balisé par des drapeaux blanc-bleu-blanc, ce qui veut dire "randonnée alpine" en Suisse. Derrière, le lac qui a donné le nom au refuge. Au fond, le massif du Winterberg nous accompagnera toute la journée (Rhonestock, 3585m; Dammastock, 3630m; Schneestock, 3608m; Eggstock, 3556m).


Les choses sérieuses débutent un peu après le lac. Le chemin se perd dans un énorme éboulis et on doit suivre les signalisations en sautant d'un rocher à l'autre.

Le sentier se dirige lentement vers les hauts sommes glaciaires clotûrant le Chelenalptal.

De temps en temps, on s'arrête pour regarder de plus près les alpinistes sur le Gwächtenhorn ou bien des animaux dans les flancs raides de l'autre côté de la vallée.

Le roi du coin c'est lui: le Winterberg (plus haut sommet: le Dammastock) est dominant. Son éperon est est une course convoîtée (III).

Le sentier contourne le bas de l'arête sud-ouest du Hoch Horefellistock pour s'engager dans un nouvel éboulis éhorme.

Les vues restent splendides tout le long du trajet en rendent cette randonnée si magnifique: Tierberg, 3447m, Gwächtenhorn, 3420m, Rotstock, 3183m et Sustenlimihorn, 3316m.

Les blocs granitiques sont couverts de lichens.

Le sentier est alpin, certes, et on doit traverser de maintes névés. Néanmoins, Axel me suit sans problèmes comme s'il avait fait ça toute sa vie.

Début juillet, il y a encore beaucoup de neige en hauteur.

La bonne humeur reste de la partie...

Le masssif imposant du Hoch Horefellistock.

Terrain typique du sentier en altitude entre les refuges de Bergsee et de Chelenalp.

Le Dammastock semble être à bout de portée.

De multiples cairns rendent impossible de se tromper de chemin. Derrière, le Blauberg, 3036m, le Lochberg et le Winterstock.

Un glacier suspendu descend du Eggstock. Le terrain en-dessous de la langue glaciaire contient beaucoup de métaux, d'où la couleur rouge.

Vers 2600m, le plus haut point de la journée, nous croisons le chemin venant du col de Sustenlimi et devons traverser un des nombreux ruisseaux qui trouvent leurs sources dans le glacier du Brunnenfirn.

Dammastock et Eggstock, fières rois locaux.

Rochers "rouillés" au bord du sentier.

Dessins fascinants.

Nous descendons maintenant droit vers l'objectif de la journée, le Chelenalphütte, 2350m, penché au-dessus de la langue du Chelengletscher.

Mais juste avant la fin, le chemin nous réserve encore deux surprises. D'abord, nous devons descendre un couloir à l'aide d'une chaîne. Axel maîtrisera ce passage sans aucun problème, je commence à avoir de plus en plus de confiance dans ses capacités de randonneur !

On peut presque toucher le Chelengletscher.

Deuxième passage difficile, et nettement plus scabreux: nous sommes contraints à traverser un névé raide sous lequel un ruisseau coule. Fort heureusement, une corde à été tirée d'un bout du névé à l'autre et il suffira de bien s'y tenir. Je suis quand même content quand Axel me rejoint.

Après six heures de marche, nous arrivons à la Chelenalpütte. J'avais lu que le temps d'une randonnée se multiplie par 1.5 quand on la fait avec des enfants, et ça correspond exactement à ce qu'on vient de faire, car l'horaire officiel parle de 4 heures de marche entre les deux refuges.

Après une si belle prestation, un petit cadeau s'impose !

Ce beau refuge, vieux de 84 ans, constitue un excellent point de départ pour l'ascension du Sustenhorn, 3503m.

La charmante gardienne du refuge est également enchantée par les efforts de mon fils: quand il lui montre le cristal qu'il a trouvé en cours de chemin, elle lui en offre un qui est encore beaucoup plus grand !

01.07.2010: Chelenalphütte, 2350m - Chelenalptal, 1805m - Dammahütte, 2439m

Cela devient une bonne habitude: quelle belle vue de notre dortoir sur le Dammastock.

Nous avons beaucoup de chance avec la météo ce début d'été et savourons chaque moment.

Après un bon petit déjeuner, nous nous apprêtons pour l'étape suivante de notre randonnée, celle qui nous mènera vers la Dammahütte.


Nous commençons avec une descente dans le Chelenalptal.

Le matin, il fait encore bien froid dans l'ombre...

...mais une fois arrivés en bas dans la vallée et dans le soleil, nous nous mettons vite en T-shirt.

Petite pause après une descente rapide. La vallée du Chelenalp est un véritable bijou alpin. Dominée par des hautes montagnes (au fond, les Tierberg), elle dispose d'une flore extrêmement riche.

Qui connaît le nom de cette fleur ?

On poursuit ce chemin si agréable en direction du lac artificiel.

Arrivés à une altitude de +/-1800m, nous quittons le chemin qui nous ramènerait droit vers le parking, et entamons une petite montée au-dessus de la rive droite du lac.

Il nous est donné une vue magnifique sur le lac du Göscheneralp et les montagnes au-dessus de la Bergseehütte.

Notre objectif sera la Dammahütte.

Nouvelle merveille, la vallée du Dammareuss. A gauche, le passage difficile de la Winterlücke, et à droite, le Winterstock.

Nous voyons pas mal de monde faisant la pause au bord de la Dammareuss, mais nous serons seules tout le long de la montée.

On voit clairement la Bergseehütte, et au-dessus les sommets du Bergseeschijnen, Hochschijen et Gandschijen. Le tout haut et pointu là-derrière n'est rien d'autre que le fameux Salbitschijen.

Mais bientôt, nous serons complètement absorbés par la vision magnifique du massif du Winterberg vers lequel on se dirige droit.

Première faiblesse du séjour: Axel n'en peut vraiment plus, je dois constamment l'encourager pourqu'il continue. Tous les cinq minutes, il veut faire une pause. Evidemment, ça s'apprend, marcher en montagne, et il ne faut pas démotiver les troupes maintenant. Je décide de faire une plus longue pause et espère qu'Axel prendra de nouvelles forces.

Allez, c'est reparti, le refuge est en vue !

Après six heures et demi de marche, nous arrivons à la toute mignonne Dammahütte, 2430m.

Ce vénérable petit refuge, vieux de 108 ans, n'a guère changé depuis sa construction début du vingtième siècle.

Tenu par une jeune gardienne motivée, sa localisation en face du Dammagletscher et du massif d Winterberg est quasi parfaite.

Rituel post-randonnée.

Nous avons de la place cette nuit, car nous serons seules dans le refuge. On sera rejoint finalement par deux alpinistes ayant l'éperon est du Dammastock comme bel objectif, mais ne remarquerons rien de leur présence car ils arriveront tard et partiront tôt.

Les spectaculaires faces nord du Winterstock et du Gletschhorn.

Nous décidons d'explorer un bout de chemin jusqu'à l'arête est du Moosstock.

Montée à l'aide d'un bout de corde. On remarquera les pantoufles très adaptées au terrain !

Belle vue vertigineuse sur le lac du Göscheneralp.

03.07.2010: Dammahütte, 2439m - Göscheneralpsee, 1782m

Ah, quelle chance, quelle météo. Encore une journée splendide !

On a vraiment du mal à quitter ce petit paradis où je serai volontiers resté plus longtemps.

Dernier petit déjeuner du séjour...

... après lequel on entame la descente sous un soleil radieux.

Chouette ambiance matinale.

Aujourd'hui, c'est la fin de notre randonnée. Nous descendons le même chemin par lequel on est monté.

Un peu plus de temps à notre disposition, et on aurait continué le trek jusqu'à la Albert-Heim-Hütte (quoique plus difficile au niveau technique et le dénivelé à accomplir est assez élévé).

A droite du Dammastock, on aperçoit la Dammhütte et le Moosstock, 2582m.

La vallée du Chelenalp. Il ya deux jours, notre chemin passait juste en-dessous des névés.

Pas mal de monde en route aujourd'hui, on rencontre des dizaines et des dizaines de gens profitant du week-end ensoleillé.

Arrivés au niveau du pont qui traverse le Dammareuss, nous suivons un chemin qui passe loin au-dessus de la rive droite du lac du Göscheneralp. Belle surprise en voyant les aiguilles du Vorder Feldschijen, 2828m, et du Hinter Feldschijen, 2962m.

La belle vallée du Chelenalp dans toute sa splendeur.

Les randonneurs bougent quand on les croise; par contre, les chèvres...

Le barrage du lac du Göscheneralp et le Berggasthaus Dammagletscher.

Axel, tu peux être fier de toi-même et de ta première vraie randonnée en (haute) montagne !

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