vendredi 1 juillet 2011

Le Rimpfischhorn, 30 juin - 1 juillet 2011


(extrait carte Swisstopo)

Jeudi 30/06/2011: montée au refuge de Fluhalp, 2618m

Ayant le Pigne de la Lé, le Balfrin, le Gross Bigerhorn et le Breithorn dans la poche, il était temps pour la fameuse cerise sur le gâteau ! On voulait inscrire un des grand '4000' autour de Zermatt sur notre liste de conquêtes (ou appelez cela la liste de vanité) et pour cela nous rentrions, directement après être déscendus du Kleinmatterhorn, dans le Bureau des Guides. Comme le temps était encore instable, on nous demandait de revenir le lendemain matin. Ainsi dit, ainsi fait, on y retourne le lendemain. Notre choix premier, le Zinalrothorn, n'étant pas encore praticable pour cause d'abondance de neige, on nous proposa le Rimpfischhorn. On se regarde, on concerte, et on accepte !

Petite remarque quand même: les tarifs pratiqués ici sont vraiment scandaleux, c'est carrément hors de prix, cette petite blague (sortie de 2 jours) nous coûtera tous les deux plus que €. C'est bien beau la Suisse, mais le coût de vie sur place et ce franc suisse sont très très chèrs. On est sensé rencontrer notre guide ("Turbo" !) cet après-midi au refuge de Fluhalp.


On passe le matin a lire, à faire et défaire son sac, à glander quoi, au camping.

Nous décidons de faire la montée au sommet du Rimpfischhorn "by fair means", comme disaient et faisaient les vieux pionniers anglais, c'est-à-dire du bas de la vallée jusqu'au sommet de la montagne, sans aide extérieure ni technique (donc sans l'utilisation de téléphériques dans ce cas-ci) et nous nous mettons en route.

On passe par le cimetière des alpinistes pour rendre hommage à certains de nos héros...

... comme Michel Croz, premier ascensionniste du Cervin, et décédé sur cette même montagne.

Le voilà, ce Cervin, encore bien enneigé.

Après avoir traversé le village, nous rentrons dans la forêt. Peu après, une vue magnifique sur un des ponts de la Gornerbahn s'ouvre à nous.

Le chemin est vraiment fantastique, c'est de la belle ballade comme on aime bien.

Rêveur 4000 (D) donne la cadence, en sandales bien-entendu !

A 2051m, le hameau de Ze Gassen, quelques beaux vieux chalets mais aussi un restaurant pour gourmêts, Zermatt oblige !

La suite de la randonnée ne me plaît guère, nous traversons une partie du domaine skiable de Zermatt (pistes de ski, installations d'enneigement, bassins pour l'eau nécessaire à l'enneigement, etc.). Pfff, que c'est moche ! Heureusement, l'horreur est finie une fois qu'on s'approche du Stellisee et, finalement, du refuge de Fluhalp.

Même si la bière suisse ne peut rivaliser avec les meilleures pils allemandes et tchèques, elle se laisse bien boire quand on a une vue pareille !

On a bien faim et on décide de manger un bon rösti avec une saucisse de St-Gall.

Après ce délicieux repas, je monte à la chambre pour me reposer un peu, et Rêveur 4000 (D), qui débordera d'énergie pendant ce périple, décide de rendre visite au Stellisee, petit lac à 2537m, d'où on prend les meilleures photos du Cervin point barre.

En début de soirée, nous rencontrons notre guide "Turbo", qui s'appelle en fait Thomas Zumtaugwald. Bien que très professionnel et correct, il ne déborde pas de sympathie, voir d'intérêt en nous, ce qui est malheureusement un trait commun des guides de Zermatt, qui voient sans doute trop de touristes, et non alpinistes.

Ensemble, nous profitons d'un vrai dîner trois services (pfff, au plus tard à ce moment-là, on commence à regretter notre rösti et la saucisse !) accompagné de bon vin. Après, on sort une dernière fois pour contempler le Cervin, magnifique dans sa solitude, avant de se coucher tôt, car demain on devra se lever de très bonne heure (2h !).

Cervin, Dent Blanche et Obergabelhorn surplombent le délicat Stellisee.

Vendredi 01/07/2011: Rimpfischhorn, 4199m

Ainsi dit, ainsi fait. Nous nous levons de très bonne heure (ça va mieux que je ne pensais) et nous mettons en route après un court petit déjeuner. Il fait assez frais dehors mais on atrappe vite chaud. C'est pas trop mal, faire du chemin comme ça dans le noir absolu, tout le monde est silencieux, perdu dans ses pensées, bouge comme en trance. Après quelques deux heures, on atteint le col de Pfulwe, 3155m. A partir de là, on avancera dans la neige.

Vers 3900m, nous atteignons une barre rocheuse haute de 100m, du terrain mixte. J'adore les parties rocheuses atteignant le IIème degré mais malheureusement, mon manque de technique en cramponnage se paie cash: Turbo commence à me râler dessus, vu que je n'avance pas très vite et ai visiblement du mal à avancer dans du terrain aussi raide. "Climbing good ! Cramponning, not good", sera une de ses expressions à retenir.

J'ai à peine le temps pour bien regarder et profiter de ce paysage fantastique: les géants valaisans au-dessus d'une mer de nuages. En bas, deux alpinistes suivant dans nos pas. Un guide et son client nous devancent mais sont déjà loin devant car ils projettent la traversée du Rimpfischhorn et avancent très vite.

Turbo, lors d'une des rares pauses dans la barre rocheuse, en train de mettre une couche de vêtements supplémentaire car il fait sérieusement froid malgré le ciel bleu.

Au-delà du Findelgletscher, le massif du Mont Rose.

Après ce passage vraiment scabreux, nous atteignons le large Rimpfischsattel, 4001m. Devant nous, les deux alpinistes suisses qui nous ont dépassé, et la partie sommitale du Rimpfischhorn. C'est beau à crever, et on voit très bien la suite des choses: au-dessus des deux alpinistes, on suit le large couloir jusqu'à mi-hauteur de celui-ci, ensuite on suit la vire enneigé à gauche pour revenir sur l'arête qui nous mène jusqu'à l'antécime.

Turbo décide de ne pas faire de pause et fonce directement dans le couloir. Celui-ci est très raide (facilement 50°) mais la neige est excellente. Au lieu de faire du cramponnage frontal, Turbo m'instruit d'appliquer la technique du cramponnage latéral. C'est très dûr et fatiguant pour les pieds, mais ça a au moins l'avantage que je glisse pas comme je le faisais dans la barre rocheuse plus bas.

Turbo grimpe corte tendue et je dois donner mon tout pour arriver à suivre son rythme, pfff, un vrai meneur d'esclaves celui-là !

Plus loin, on atteint l'arête et du bon rocher et je suis tout de suit mieux dans mon élément. Les diffucultés ne dépassent pas le IIIème degré mais c'est sérieux quand même car le terrain est tr!s exposé (une chute ne se pardonnerait pas) et il fait un froid intense, je ne sens plus mes pieds, ni mes mains.

Mais tout calvaire prend fin, après 5h30 d'efforts soutenus (mais sans problèmes liés à l'altitude, la préparation sous forme de 3 sommets plus que 3000m et un 4000m, porte ses fruits), nous arrivons, après avoir atteint l'antécime et effectué la courte traversée entre les deux sommets, le sommet principal du Rimpfischhorn, 4199m.

Quelle belle vue sur le voisin tout proche, le Strahlhorn, 4210m (voir aussi le récit suivant).

Turbo connait une petite vire juste en-dessous du sommet et nous mène jusque-là. Dans ses mains, son breuvage miracle pour les courses en altitude !

Sur le sommet, il faisait un froid intense, grâce au wind chill, mais ici, sur cette vire, il règne un calme olympien et il fait bien chaud, génial !

Rêveur 4000 (D) dans son élément. Comme il fermait la cordée, il n'a été confronté que dans une moindre mesure au tempérament spécial de notre guide.

Vue classique du sommet principal du Rimpfischhorn sur l'antécime, cela permet d'apprécier l'exposition énorme du lieu.

Après une petit demi-heure, il est temps de redescendre. Ici, on se trouve déjà à nouveau dans le couloir raide où je suis en train d'assurer Rêveur 4000 (D).

Turbo me suis de près.

Vue sur les deux alpinistes suisses qui sont déjà arrivés en bas du couloir.

Fort heureusement, j'arrive a descendre le couloir sans problèmes majeurs (face vers le vide !). Turbo devient plus relaxe, c'est la fin des difficultés.

De l'autre bout du Rimpfischsattel, on aperçoit les deux Suisses ainsi que Cervin et co.

Wow, vu du col, on peut être fier de notre ascension, c'est bien raide !

Turbo commence à se lâcher aussi, peut-être qu'il est heureux lui-même de nous avoir ramenés sain et sauf de ce sommet escarpé.

Cependant, je ne le garderai pas en mémoir comme le guide suisse le plus sympathique déjà rencontré.

Encore une fois la partie sommitale de notre 4000, mon douzième de la série, le neuvième pour Rêveur 4000 (D).

Tout simplement superbe, la chaîne des Mischabel: Alphubel, Täschhorn, Dom, Lenzspitze et Nadelhorn.

Turbo en train de montrer le chemin de la descente à Rêveur 4000 (D).

Le reste de la descente se déroule paisiblement et sans le moindre problème cette fois-ci.

Après une petite pause dans la barre rocheuse...

... on poursuit son chemin vers la vallée.

La barre rocheuse, 3900-4000m. Le sommet principal n'est déjà plus visible.

Plus loin, vers le col Pfulwe, il commence à vraiment faire chaud, et la neige ne tient plus trop bien. La descente du col est très monotone, le paysage fait d'éboulis ne nous inspire pas trop et on est content de n'avoir rien vu de cela pendant la nuit. Avant d'arriver à Fluhalp, une vue magnifique sur la montagne parfaite s'ouvre à nous.

Dernier regard sur le Rimpfischhorn et le Strahlhorn avant d'entamer la descente finale vers Zermatt. Rêveur 4000 (D) ira jusqu'au bout dans sa philosophie "by fair means" et descendra le tout à pied, tandis que moi je décide de me payer le luxe d'un téléphérique à partir de Blauherd, 2571m.

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