lundi 3 septembre 2012

Dents du Midi - Haute Cime, 03/09/2012


(Extrait carte Swisstopo)

En raison des conditions difficiles (une dépression apportait jusqu'à un mètre de neige fraîche en altitude), tous mes plans, aspirations et rêves pour cette grande sortie alpine 2012, étaient bouleversés: pas de Mont Blanc, pas de Dent du Géant, pas d'Arêtes de Rochefort, pas de Tour du Mont Ruan. 

Les quelques jours de repos forcé passés en solitude à Trient et à Mex  m'avaient plus déprimé qu'autre chose, et la tentative non couronné de succès sur la Cime Est, apportaient le coup final à ma motivation à continuer. Je sentais qu'il était bien temps de rentrer chez soi. Néanmoins, j'étais prêt à tenter une dernière ascension qui pourrait en sorte me réconcilier avec la montagne.


La Haute Cime, qui est, avec ses 3257 mètres, le plus haut sommet de la majestueuse chaîne des Dents du Midi, constituait juste le genre de montagne prestigieuse qu'il me fallait à cet instant-là. Mais, encore une fois, les conditions n'étaient pas vraiment propices à son ascension. Après la tentative à la Cime de l'Est voisine, j'avais franchement laissé tomber l'idée et tournais mon attention vers des petits sommets sympas tels que Le Luisin et la Dent du Salantin. Mais la veille, à l'Auberge de Salanfe, je rencontrais un type qui venais de réussir la Haute Cime et me disais qu'il y avait une bonne trace maintenant. Il ne me fallait pas plus pour remodifier mes plan :-)


Levée matinal à 7h30 et, après le petit déjeuner, départ à 7h30. Pendant une demi-heure, je marche le long du lac. J'ai tout le temps de bien observer la magnifique Tour de Sallière, qui s'escalade plutôt par le sud, car la face et l'arête visibles ici côté Salanfe sont pas faciles: AD pour l'arête nord, passant par l'Eglise, 3077m, et Le Dôme, 3138m, D pour l'arête ouest partant du Col d'Emaney.


Gros plan sur l'Eglise.


Vers 2200 mètres, la neige commence et elle est encore bien présente. La randonnée devient nettement plus fatiguante, quoi qu'encore tout à fait possible et agréable. Une heure et demie après le départ du refuge, j'arrive au Col de Susanfe, 2494m. Je prends mon temps pour la pause, je mange et bois quelque chose, je prends des forces, car la suite de l'itinéraire, visible sur la photo, promet d'être chaud. Il faut d'abord tirer vers la droite pour contourner la bande rocheuse pour ensuite remonter a gauche et suivre l'arête sud.


Directement, les conditions deviennent atroces (et les resteront jusqu'au sommet). La neige arrive presque jusqu'à mes genoux et le terrain, quoique pas très raide, est extrèmement épuisant par sa composition (petits éboulis et rochers plats glissants. La vue ne porte pas très loin non plus (ici, le Lac de Salanfe, Les Rochers de Gagneries, 2735m, la Dent du Salantin, 2482m et Le Luisin, 2786m.)


C'est épouvantable, c'est même plus marrant, mais je n'ai qu'une pensée, et c'est de monter et d'arriver au sommet de la Haute Cime. Mon altimètre et le fait que je commence à me retrouver à la même altitude que les hauts sommets avoisainants, tels que la Tour Sallière, m'assurent que je continue à monter et à gagner de l'altitude.


Je suis maintenant parti depuis deux heures et demi du col et je ne suis toujours pas arrivé au sommet (l'horaire normal est de deux heures). Le fait de réussir à casser un de ces bâtons de marche ne m'aide pas non plus. Le petit réplat du Col de Paresseux, 3054m, est idéal pour faire une pause, mais la vue sur ce qui m'attend est inquiétante: la pente finale est raide, haute de deux cents mètres et complètement enneigé !


Vue plongeante sur le Col de Paresseux. Je ne sais pas si ce que je suis en train de faire ressemble encore à de la randonnée, je fais un pas en avant dans la neige qui, par endroits, m'arrive jusqu'à la hanche, et en redescends de deux d'aussitôt. Tous les deux minutes, je regarde sur mon altimètre: plus que cent mètres, nonnante-cinq, nonnante, etc. En même temps, il faut quand même que je fasse très attention car le terrain est vraiment raide ici et une glissade pourrait m'amener en bas plus vite que je n'en ai envie.


Enfin, trois heures et demin après le départ au col, j'arrive au petit sommet et sa croix. C'est le délire, le bonheur, la joie ! On comprend directement pourquoi on appelle cette montagne 'La Haute Cime', on se trouve vraiment loin au-dessus de tout et tout le monde, et le panorama est conséquent. Derrière, à gauche, les Dents Blanches.


De l'autre côté, on voit les autres grands sommets de la chaîne des Dents du Midi (au milieu: la Cime de l'Est), et derrière, les alpes vaudoises.


Paysage quasi hîvernal: la combe de Susanfe, Le Mont Ruan et son glacier, 3057m, et derrière, le Mont Buet, 3096m.


Gros plan sur La Forteresse et la Cime de l'Est.


Vingt minutes de bonheur totale sur le sommet, quelques photos, et puis c'est le début de la descente. C'est assez vertigineux, je ne peux vraiment pas glisser ici.


Je m'attendais à pouvoir faire quelques glissades contrôlées mais ça ne va vraiment pas: à plusieurs endroits, la neige a trop fondu et je n'arrête pas de glisser sur ces rochers plats et friables.


Avec beaucoup de mal, je reviens au col. Je crois connaître le chemin du retour mais j'arrive quand même à me tromper et de descendre de nouvelles pentes enneigés désagréables.


Je ne m'arrête pas au refuge et décide de continuer directement vers le dernier obstacle du jour, le col du Jorat, 2212m, en-dessous de la Dent du Salantin.


C'est épuisant, et je commence vraiment à sentir les jambes, mais finalement, le col n'est pas si éloigné. Du sommet, j'ai une belle vue sur la descente complète vers le petit village de Mex, ainsi que la vallée du Rhône.


De majestueux sommets s'élèvent au-dessus du col: La Vierge des Gagneries, 2641m, et la fameuse Cime de l'Est.


En descendant du col, je me rends compte que les sommets vaudois ne sont pas si petits que ça, une petite visite s'impose dans le futur ! Gros plan sur la Dent de Morcles, 2969m.


Un dernier regard sur la Cime de l'Est...


... encore quelques kilomètres de marche encore, et après 10h30 j'arrive au but et à la fin de mes vacances: Mex !

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