31/10/2011: Thorembais-St-Trond - Luxembourg - Strasbourg - Bäle - Zürich - St Gallen - Brülisau
(extrait carte Michelin)
(extrait carte Swisstopo)
Début octobre, à peine rentré de mon séjour très réussi dans les Dolomites, rêveur 4000 (D) m'appelle un jour et me propose de faire avec lui un raid dans l'Alpstein. Je n'hésite pas une seconde: cela fait des années que je convoitise ce petit massif calcaire situé dans l'est de la Suisse, ainsi que ses sommets principaux, tels que le Säntis ou encore l'Altmann. En plus, des liens familiaux lient Rêveur 4000 (D) à la région et je sens que c'est un voyage important pour lui auquel je me sens priviligié de participer. Nous sommes rejoints dans notre trip par Benoit, autre amoureux de la montagne. Mais laissons la parole à Rêveur 4000 (D) lui-même...
Après quelques heures de voiture, nous sommes arrivés au lieu dit : Pfannenstil, petit hameau de Brülisau perdu dans le fond de l'Appenzell. Tout ceci nous donne l'aperçu de la discrétion de ces montagnes respectables et respectées. Bref, après un petit voyage, nous arrivions vers 1h00 du matin sur le parking. Il nous fallait nous reposer à plat et la chose fut entendue, moyennant un petit breuvage enivrant.
1/11/2011: Brülisau - Sämtisersee - Fälensee - Saxer Lücke - Saxer First - Mutschen - Zwinglipasshütte - Altmann (A/R)
Le réveil fabuleux, la voute céleste pour compagne d'une nuit nous laisse un souvenir léger et profond à la fois.
La mise en route est superbe, des hêtres, feuillus en perdition au porte de l'automne donnent la réplique aux mélèzes de bronze. Seuls les Épicéas attendent l'hiver dans leur manteau d'été, comme pour signifier leur empreinte sur cette terre.
Le givre fige déjà cette altitude, synonyme rude de ces hauts pays de douceur.
Les Dreifältigheit nous toisent, arrogantes dans leur fantastique élancement, comme une invitation à l'escalade dans la beauté du geste. Notre credo en ce monde, où la beauté supplante forcément l'exploit.
Nous montons doucement vers la Saxer-Lücke, le temps passe doucement dans ces contrées où il s'arrête. Qu'importe l'horaire, la randonnée n'est elle pas cette discipline où les rêves créent la vie, où ils nous portent.
La rude montée finale laisse contemplatif les alpinistes les plus purs.
Les Chrüz- ou Kezuzberge, 2065m au plus haut mais des voies d'accès difficiles, de l'escalade dans le plus pur style calcaire de très bonne qualité. Les grimpeurs locaux sont affutés, ne nous y trompons pas et soyons humbles.
Moment de contemplation sur le Liechtenstein et la vallée du Rhin. Que dire de la beauté.
Le sommet de la Saxerfirst est en vue (Roslenfirst).
Le seigneur des lieux nous toise, l'Altmann et ses 2435 m. Quel montagne pointée vers le ciel, quelle élégance. Nous savons à ce moment que nous l'escaladerons dans la journée.
Petit sommet combien intéressant pour tous les connaisseurs: Nadlenspitz, une friandise, un tantinet au dessus de la cerise sur le gâteau.
Quel plaisir peut-on avoir sur une plage de Mallorca, Ibiza ???
Le sommet passé nous continuons notre petit chemin vers la découverte de ces lieux peu communs.
Les Chrüzberg vus du haut, ils se méritent.
Le Muntschen, 2121,8 m, que nous ajoutons à notre petite liste de vanité. Sortie d'Appenzellois de tous âges le grimpant "by fear means" car ici il n'y guère que le Säntis qui puisse faire l'économie de la sueur.
Chemin faisant et discourant avec mon compagnon nous apercevons la dépression annoncée.
Sommet ? Certes un cairn, endroit de bivouac en tout cas.
Nous voici près de la Zwinglipasshütte, l'Altmann nous toise, nous le regardons respectueusement.
Voici ce seigneur, nous allons l'aborder modestement comme pour ne pas brusquer le rocher, par prudence et pudeur.
La voie normale est visible d'ici, guère plus que du I mais avec circonspection.
Le sommet, foulé quant à moi comme un pélérinage, afin de rendre hommage à une dame pour laquelle cette montagne fut importante, comme le fil d'une vie.
La croix.
Le panorama porte sur l'Oberland bernois. Je suis pour ma part serein, l'impression d'avoir accompli quelque chose de bien. La certitude de connaître quelqu'un de bien.
Nos amis grimpeurs, compagnons de certains jours, sortent de l'arête sud ouest ou du pilier est, nous saluent et descendent la voie normale.
La descente sera courte, toute en glissade sur des névés ou des pierriers très raides. Quelle rigolade, quelle aisance de Rêveur 4000 (h) dans son élément karstique.
Le soleil nous indique qu'il est temps de retourner vers le refuge.
La terrasse ! Les bouteilles ! La bonne humeur ! Les amis ! Que demander de plus.
Zwinglipasshütte: c'est un vrai havre de paix posé à 1999 m d'altitude. L'accueil suisse par excellence, tout y est. Il ne manque rien, le bois, l'espace, ... Il y a même des réserves de nourriture et de boissons. Les Suisses laissent tout celà dans une confiance absolue dans les montagnards, c'est aussi cela la montagne.
Voici une vue d'intérieur.
2/11/2011: Zwinglipasshütte - Altmannsatel - Rotsteinpasshütte - Lisengrat - Säntis - Meglisalp - Widderalpsattel - Hundsteinhütte
Le lendemain, nous quittons le refuge avec la ferme intention d'y revenir un jour et nous cheminons ensemble vers l'Altmannsattel duquel nous basculerons sur la Rotsteinpasshütte.
Nous y sommes, pas le moindre souci, le temps est splendide et la vue porte sur l'Oberland bernois. Qu'est ce qu'on est bien.... Le soleil innonde tout et le temps est si calme qu'on pourrait facilement s'endormir en paix.
La descente de l'Altmannsattel est assez raide et parfois dangereuse, nous aurions dû emporter un piolet afin de tailler des marches et des poignées dans la neige dure... Mais bon ça passe.
Les câbles sont forts utiles et nous apperçevons la suite de l'itinéraire. Je suis pour ma part assez circonspect quant à la suite, elle me paraît fort enneigée.
D'ici, la suite remonte le premier gendarme par les névés visibles en son centre.
Petit regard en arrière sur le chemin parcouru puis nous ne traînons pas puisque nous voulons manger au Säntis. De bons röstis nous attendent.
Nous sommes dans les névés, ce n'est pas du tout raide et finalement pas trop verglacé.
Des escaliers ! Mais patinés (la Lisengrat fut ouverte en 1909 et est parcourue très très régulièrement depuis).
Voici le clou de la journée: pas question de tomber ici ou alors arrêt 300 m plus bas. Le câble de sécurisation est souvent sous la neige et ça glisse bien puisque le soleil ne vient pas ici. Heureusement qu'il y a des traces sans quoi les crampons seraient indispensables.
L'avant-dernier gendarme avant le sommet. Nous prenons la pause assez fiers d'être là.
Voilà, la neige est derrière, on arrive dans un terrain de rando.
On est presque à plat, je dormirais bien un peu ici.
Top, il est midi, nous sommes au sommet et la vue est vraiment fantastique. Nous voyons les Vosges pourtant situées à plus de 200 Kms. Quel plaisir de monter ici dans ces conditions. Il n'y a plus qu'à trouver le resto :-)
La brume sur St. Gallen.
Petite photo de groupe avec les touristes montés en télécabine et il faut penser à boire un peu.
La pause s'impose, avec un liquide local.
Bon, il faut penser à la descente qui sera longue, très longue.
Les canelures, typiques des falaises calcaire, érosion de l'eau de ruissellement, paradis pour grimpeurs.
Ah, voici, la base de notre contre-montée, le soir nous titille mais nous marchons paisiblement.
Le col atteint nous prenons la pause car nous savons que la nuit sera là dans 1/2 heure or il reste deux heures de marche alors à quoi bon forcer le pas. Nous sommes contents d'être là et pour rien au monde à ce moment nous ne voudrions être ailleurs.
La nuit, géniale compagne de marche, en alpinisme nous l'avons chaque matin avec nous, alors rendons lui pour un soir.
Hundsteinhütte, pas fâché d'y être, de boire ce que nous portons dans les sacs, de dormir un peu car il faut bien l'avouer nous sommes un peu éprouvés de la journée qui se termine. Nous boirons certes deux bières suisses pour trois.
3/11/2011: Hundsteinhütte - Saxer Lücke - Stauberenkanzel - Brülisau
La Hundsteinhütte au matin, tel que nous ne l'avons jamais vue ...
En route vers la Saxerlücke que nous atteignons rapidement, s'ensuivent les crètes menant au Hoher Kasten.
Sans oublier notre petite liste de vanité.
Le sommet du Stauberkanzel atteint, petite photo, pause et puis desecente au pas de course parce que le troisième larron est parti, nous devons le rattraper.
S'ensuit la crète, large et accueillante vers le Hoher Kasten, paisible randonnée à cheval sur deux mondes. Le retour à la réalité se fera une heure plus tard avec le retour à la voiture. Les yeux remplis de belles choses, nous rejoignons notre quotidien, les belles choses de notre quotidien bien entendu.