Ma sortie haute-montagne de cette année allait se dérouler en deux parties, car je prévoyais, après l'Uri, de retourner une fois de plus dans le Valais et de faire une course avec mon guide Albert.
Mais tout d'abord l'Uri: après un trajet en voiture sans incidents ni bouchons, j'arrive en fin d'après-midi à Andermatt, villégiature à 1440m de hauteur et dans une situation très centrale au carrefour de trois cols alpins importants (Gotthard, Furka, Oberalp). Je plante ma petite tente au camping local assez basique, vais manger un petit bout, fais encore une petite balade et vais dormir assez tôt car le lendemain promet d'être hard !
09.08.2010: Oberalppass, 2046m - Pazolastock, 2740m - Rossbodenstock, 2836m - Parlet, 2767m - Piz Tuma, 2784m - Piz Badus, 2928m - Piz Tagliola, 2708m - Lolenpass, 2399m - Camonna Maighels, 2314ù - Oberalppass (II, T5)
Réveil à 5h30: brrrr, ça se confirme, à Andermatt il fait froid (5°C), même en plein été. Ce n'est pas pour rien qu'en hîver, la neige tombe en abondance dans ce coin. Une demi-heure après, je me mets en route pour le col d'Oberalp que j'atteindrai une autre demi-heure plus tard. Il n'est pas très spectaculaire, ce col, qui constitue la liaison entre les cantons d'Uri et des Grisons, mais je suis tout simplement heureux d'être là.
J'ai l'intention de faire la traversée des six sommets se trouvant entre les cols d'Oberalp et de Lolen, et mon premier objectif de la journée, le gentil Pazolastock, se dessine contre un ciel tout bleu.
Mais j'ai plus de regards pour les sommets spectaculaires de l'autre côté de la vallée: à gauche, le Brunnenstock, 2888m et le Bächenstock, 2944m, et au milieu le Schneehühnerstock, 2773m.
A droite de la Fellilücke, 2478m, col très marqué, je voie le profil très prononcé du Piz Tiarms, 2918m, et la crête allongée du Crispalt, 3078m. C'est un moment magique: il est encore bien tôt, je suis tout seul, il fait beau !
En gagnant de l'altitude, le panorama s'élargit de façon spectaculaire: la magnifique vallée verte du Reuss s'ouvre devant moi (Andermatt étant encore partiellement dans l'ombre), le col du Furka, porte du Valais, est le point le plus bas de la crête au fond de la vallée, et de hauts sommets enneigés font rêver (à gauche, le Gross Muttenhorn, qui reste encore relativement modeste avec ses 3099m, mais les vrais rois ici sont le Galenstock, 3586m et mon objectif dans deux jours, et derrière le Finsteraarhorn, 4274m, et l'Aletschhorn, 4195m).
Près du sommet du Pazolastock, une ancienne baraque de l'armée suisse se fait assez discret (c'est le but !). Derrière, j'aperçois déjà la suite de la course: le large Rossbodenstock à droite et le magnifique Piz Badus à l'autre bout de la crête.
Cairn au sommet du Pazolastock, 2740m. Derrière, les sommets du Gross Schijen, Brunnenstock, Schijenstock, Bächenstock et Schneehühnerstock.
Vue vers une région qui ne m'est plus inconnue depuis début juillet: Tierberg, 3447m, Gwächtenhorn, 3420m, Sustenhorn, 3503m et Fleckistock, 3416m, en arrière-plan. Devant, le fabuleux Salbitschijen, 2981m, et le Rorspitzli, 3220m.
Vue vertigineuse sur Andermatt. Le camping se trouve à gauche du village. A droite, les lacets de la route de l'Oberalp.
Arrivée au sommet du Rossbodenstock, duquel le panorma s'élargit encore: Chastelhorn, 2973m, et Gemsstock, 2961m.
Jusqu'à maintenant, la ballade a été très facile mais ce n'est que le début de la traversée. L'arête vers le Piz Badus présente la première grande difficulté de la journée. Dans la descente du Rossbodenstock, j'aperçois un autre randonneur qui ne tardera pas à me rejoindre. Au niveau du Älpetlilücke, 2698m, il me rejoint. Hans est suisse et un excellent marcheur. Il a prévu la même randonnée que moi (au moins jusqu'au Piz Badus), et quand je lui offre de passer devant (il va nettement plus vite que moi), il me dit d'être content d'avoir rencontré quelqu'un et on décide de poursuivre le chemin ensemble.
Vue sur le Parlet, 2767m, et le Piz Badus. Ici, on doit chercher son propre chemin, rien n'est balisé, il y a des cairns par-ci et par-là, sinon rien. Bref, ce genre de terrain est nouveau pour moi, mais j'adore !
L'arête qu'on vient d'escalader.
Par contre, la descente du Parlet, par un couloir dans le flanc ouest (entre le sommet du Parlet, à gauche, et le gendarme, à droite), avant de rejoindre l'arête menant au Piz Tuma, est d'un autre calibre. Ici, il s'agit de désescalader tranquillement, faire attention, sûrtout pas glisser car on risque de se retrouver des centaines de mètres plus bas. Tout se passe sans problèmes mais je suis content de ne pas devoir affronter de telles difficultés tout seul !
... mon regard se dirige vers un coin de la Suisse qui m'est resté plutôt inconnu: les Glarner Alpen. Ce massif très alpin contient quelques merveilles naturelles et est resté épargné du tourisme de masse, manque de sommets au-delà de 4000m oblige ! Ici, on aperçoit l'Oberalpstock, 3328m, et le plus haut sommet du massif, le Tödi, culminant à 3614m. Je sens que j' m'aventurerai dans ces parages-là dans les années à venir !
Suite de la rando: les difficultés diminuent après le Piz Tuma. Arête de bloc facile, c'est plutôt un test de la condition physique. Finalement, on atteint le sommet du Piz Badus, plus haut sommet de la journée à 2928m.
Un panorama indéscriptible se présente: le Valais, l'Oberland, les Grisons, le Tessin, Glarus, Uri, et leurs beaux sommets. Gros plan sur les glaciers et cimes du Val Maighels: Piz Blas (derrière), 3019m, Piz Ravetsch, 3007m, et Piz Borel, 2951m.
Demi-heure de repos bien mérité, et puis il est temps de continuer. Hans avait pensé de terminer sa rando au sommet du Piz Badus, mais comme j'ai l'intention de poursuivre la traversée, il décide de m'accompagner. Voilà la suite de l'arête !
Mais cette arête sud du Piz Badus nous a réservé une bonne surprise: on doit traverser un bout d'arête et on ne voit pas très bien comment le faire sans effectuer de rappel. La solution consiste en une traversée latérale du flanc ouest de l'arête.
Terrain scabreux et risque de chute élevé ! Le flanc que nous devons traverser n'est pas très stable, c'est vachement raide et la grosse chute assurée si on tombe. On reste bien concentré et arriverons sans problème majeur au bout de cette difficulté imprévue.
Arête sud, puis sud-est, du Piz Badus, vu du dernier sommet de la traversée, le Piz Tagliola, 2708m.
Chassés par un troupeau de chèvres (!), nous entamons rapidement la descente vers le Lolenpass. On s'arrête souvent pour profiter pleinement de la belle nature du magnifique Val Maighels.
Au niveau du Lolenpass, 2399m, nous rejoignons les sentiers balisés. En traversant le flanc est du Piz Tagliola, nous rejoignons la vallée. Quelle beauté ! Le Lai Urlaun, 2248m, et le Lai Carin, 2255m, sont dominés par le refuge de Maighels, 2314m, et le Piz Cavradi, 2614m. Derrière, le Crispalt, 3076m et le Piz Nair, 3059m.
Je décide de m'accorder une petite bière à l'agréable refuge Maighels. Je fais également mes adieux à mon compagnon Hans, qui décide de continuer jusqu'au Piz Cavradi. La pause me fait du bien, le paysage qui m'entoure est vraiment fantastique (lacs, neige, petits sommets, bref un lieu idéal pour y passer du bon temps en famille) et je suis content des six sommets supplémentaires que j'ai pu ajouter aujourd'hui à ma petite liste de "vanité" !
Le chemin du retour se tirera un peu en longueur à la fin mais offrira de belles vues sur l'Oberalpstock. Arrivée à l'Oberalppass après une randonnée de 9h30 !
10.08.2010: Sidelenbach, 2280m - Sidelenhütte, 2708m - Chli Bielenhorn, 2940m, via Schildkrötengrat (4b/A1) - Sidelenhütte
(extrait carte Swisstopo)
Après une bonne nuit de sommeil, je me sens tout à fait récupéré des efforts de la veille, ce qui est bon signe ! A huit heures, je rencontre mon guide à la gare d'Andermatt, où on avait fait rendez-vous. Il s'appelle Christian Aschwanden, travaille normalement pour Rock and Powder, organisation plutôt spécialisée dans le ski hors-piste, mais fait aussi des sorties pour l'école d'alpinisme Montanara. Nous faisons connaissance et nous mettons en route vers le col de Furka. Arrêt au parking du Sidelenbach, 2280m, puis montée tranquille à la Sidelenhütte, 2708m, qui m'est encore bien familière de l'année passée.
Cher lecteur de ce blog, la qualité du granit des massifs du Mont Blanc ou du Bergell est proverbiale et bien connue, mais on oublie bien trop souvent celui du massif du Furka. On rentre ici dans un véritable petit paradis de haute montagne dans lequel grimpeur débutant et expérimenté peut trouver des voies à sa guise. On retiendra les noms du Furkahorn, Galenstock, Bielenhorn, Kamel, etc. Sur la photo, derrière Christian, on aperçoit le Gross Bielenhorn, 3210m, et le petit Kamel, 2900m.
Je suis venu ici pour faire de l'escalade, et c'est ce qu'on va faire ! Après avoir déposé nos affaire superflus au refuge, on se dirige vers le départ tout proche du Schildkrötengrat, voie très connue qui mène au sommet du Chli Bielenhorn, 2940m, et constitue une excellente entrée dans la matière. La première longueur est complètement bloquée par un groupe d'enfants (!) d'une section CAS, on décide donc de contourner la longueur par la droite pour arriver au premier relais.
Nous progressons très bien et laissons vite les cordées du CAS derrière nous. Je m'amuse terriblement: j'ai toujours eu un petit faible pour l'escalade en montagne et voie cela confirmé aujourd'hui. On escalade et désescalade des petits gendarmes, je passe sans problèmes les difficultés (allant de 3 jusqu'à 4b/A1 dans le passage clé) en grosses chaussures (le granit semble coller !), et ne reste guère impressionnée par le vide accroissant en-dessous de mes pieds.
Christian est un très bon professeur. Il me donne pleins de conseils techniques par rapport au progrès dans un terrain pareil, j'apprends des choses sur la construction de relais, l'assurage derrière un rocher, technique des mains et des pieds, etc.
La Schildkrötengrat, partie intermédiaire. Le grimpeur au milieu est assis en-dessous d'un rocher en forme de tortue (d'où le nom de l'arête). A gauche, ça gaze (250m).
L'escalade de ce sommet m'a procuré beaucoup de plaisir ! Je suis pas trop mal dans ce terrain, cela fait rêver de plus. On décide de descendre dans la Untere Bielenlücke, 2893m, et de faire quelques longueurs dans les jardins d'escalade autour du refuge pour se familiariser avec la technique des rappels.
Je crois, sans exagérer, qu'il y a moyen de loger une semaine entière dans la Sidelenhütte sans s'ennuyer. On peut faire des escalades, des courses alpines, du jardin d'escalade, une superbe randonnée (Nepali Highway) vers la Albert-Heim-Hütte, refuge voisin, etc.
Tandis qu'on fait longueur après longueur dans un granit toujours aussi excellent, on profite de la vue la plus spectaculair possible sur les Kamel, rendus désormais célèbre par la pub vachement bien faite de Mammut.
Fin de l'école d'escalade vers 16h. Il est temps de relaxer maintenant avant la grande ascension du lendemain. On passe une soirée très agréable dans ce très chouette refuge qui est la Sidelenhütte.
11.08.2010: Sidelenhütte - Galenstock via SE-Sporn (PD+, 4a) - Sidelenhütte - Sidelenbach
(extrait carte Swisstopo)
Levée matinale à 4h45. On se met en route vers 5h30. Objectof: l'éperon sud-est du Galenstock, course qui m'avait échappé l'année passée dû au mauvais temps. Contrairement à ma première tentative, nous prenons le bras gauche orographique du glacier de Sidelen. On contourne la zone crevassée par la droite et gagnons vite de l'altitude. Vers 3150m, l'escalade de l'éperon proprement dit commence. Derrière Christian, la Obere Bielenlücke, 3248m, désormais accèssible par une via ferrata.
L'escalade consiste en quelques longueurs pas très difficiles (quelques pas dans le Schildkrötengrat parcouru la veille étaient nettement plus dûrs) dans un granite exquis.
Cette merveilleuse varappe se termine malheureusement beaucoup trop vite en arrivant au point 3365 dans l'arête sud du Galenstock. Derrière, l'arête finale en neige.
Nous chaussons les crampons et continuons l'ascension. Le long de l'arête, on passe d'impressionnantes corniches...
Trois heures et demi après le départ, on foule la cime du Galenstock, 3586m. Je suis très content, c'est toujours chouette de réessayer une montagne et d'y arriver finalement. Derrière, Tiefenstock, 3515m, Dammastock, 3630m, et le Sustenhorn, 3503m.
Nous restons pas très longtemps au sommet, car la météo pourrait se gâter. Christian me laisse passer devant. De façon prudente, je descends le flanc neigeux qui mène vers l'arête et le départ des rappels. Arrivés au rocher, Christian passe devant pour localiser le point exact.
Six rappels plus tard, on se retrouve en bas de la paroi . Wow ! c'était extra, je n'avais jamais parcouru un dénivelé pareil en rappel, mais ça c'est passé sans le moindre problème.
Descente rapide (parfois trop rapide, je glisse à plusieurs reprises et ai l'opportunité de mettre en pratique les techniques de chutes en montagnes) par le bras droit du glacier de Sidelen. L'éperon sud-est se trouve à droit de l'image, la piste de rappel se trouve entre les points P. 3252 et P. 3365.
Ici, je me retrouve sur du terrain familier. On passe en-dessous de la tour Hannibal, sur laquelle des Suisses rigolos ont installé un banc et "le plus haut arrêt d'autobus de Suisse" Il paraît qu'ils montent chaque année un nouvel horaire !
Le bout du glacier est en vue. Derrière, Witenwasserenstock, 3082m, Gross Leckihorn, 3068m, Stotzig Muttenhorn, 3062m et Gross Muttenhorn, 3099m.
On a eu de la chance avec la météo, il est resté sec (dommage pour ceux qui allaient faire la course le lendemain car vous verrez qu'il allait faire exécrable).
Dernier regard sur la Sidelenhütte et le majestueux Galenstock. J'adore cette région et je suis déjà sûr d'y revenir ! Christian et moi se disent également au-revoir: c'est un excellent guide qui m'a donné beaucoup de confiance et je suis sûr de refaire des sorties avec lui.
12.08.2010: Andermatt - Furkapass - Kleines Furkahorn, 3026m (T4) - Furkapass - Brig - Visp - Gruben - Turtmannhütte, 2519m
(extrait carte Swisstopo)
Le mauvais temps était annoncé, et il était bel et bien là. Pluie pendant la nuit, heureusement il fait plus sec le matin. Je plie mes affaires et me remet en route vers le col de Furka. Aujourd'hui, je compte passer dans le canton voisin du Valais et espère me faire un petit sommet en cours de route, en espérant qu'il ne pleuvera pas. En montant les nombreux lacets du col, je m'arrête pour cette vue panoramique sur la vallée du Reuss. Devant, le village de Realp et son terrain de golf (!), derrière Andermatt et le col de l'Oberalp. Le grand sommet en forme de trapèze sur la droite est le Rossbodenstock, faite 3 jours avant.
Je gare la voiture au col-même (2429m) et prend le petit sentier menant droit au Furkastock, petite bosse dans l'arête sud-est du Klein Furkahorn, mon objectif dont je compte faire l'aller-retour en 2h. Une fois arrivé au Furkastock et ses installations militaires, je décide de traverser le flanc est du P. 2800 au lieu de suivre le sentier qui descend vers la droite avant de remonter en lacets jusqu'au P. 2814m. Pff, je me retrouve vite dans une belle caillasse et je ne voie bientôt plus rien car la brume commence à monter. Au P. 2814m, je retrouve un sentier signalisé bleu/blanc qui me mène au sommet du Klein Furkahorn, 3026m, rien de difficile à signaler en cours de route.
Pas de belles vues aujourd'hui, ça ne sert à rien à rester sur ce sommet désolat, j'entame vite la descente. Une fois arrivé au P. 2814m, je décide de suivre l'arrête jusqu'au P. 2800 et puis le Furkastock, ainsi variant un peu mon chemin. Mauvaise décision, car il commence à bien pleuvoir un peu après. Je suis vite totalement trempé, je réussis à perdre mon chemin car maintenant complètement dans les nuages, le terrain devient glissant et un peu dangereux, bref, ce foutu petit sommet que je pensais ajouter à ma liste de "conquêtes" me présente pas mal de difficultés. C'est dans une véritable "drache nationale" que je retourne au col de Furka après 3h30 de marche !
Enfin, je suis dans un endroit sec ! Mon idée originale était de rejoindre la vallée de Saas, mais comme d'habitude une autre idée est venue s'installer dans ma tête. Et si je montais au Barrhorn, le plus haut sommet pour randonneurs dans les Alpes ? Cela fait longtemps qu'il est sur ma liste celui-là, et en plus son altitude élevé me permettra d'encore mieux m'acclimater. La décision est prise, je me mets en route. Après avoir descendu le col de Furka, parcouru toute la vallée du Goms, traversé les villes de Brig et de Visp, j'arrive à Turtmann, la porte d'entrée de la vallée de Turtmann (ou Tourtemagne). En remontant cette très jolie vallée, si calme et éloignée des grands centres touristiques du Valais, il commence malheureusement à nouveau à pleuvoir et c'est dans un environnement triste que je gare la voiture au bout de la route asphaltée (Vorder Sänntum, 1901m), point de départ de la montée à la Turtmannhütte.
Je choisis un très beau petit sentier au-dessus de la gorge du Turtmänna. Vers 2040m, j'aperçois un petit barrage, ainsi que le refuge-même (en haut à droite).
Derrière le barrage, à 2185m, un petit lac artificiel sans nom. Le glacier de Turtmann, à droite, descend jusqu'à 2250m.
Vue sur les deux petits lacs artificiels de la vallée de Turtmann. Les sommets au-dessus sont certainement très peu visités et constituent donc un excellent terrain pour le randonneur aventureux. On remarquera sûrtout le sommet élégant du Meidhorn, 2875m.
Il fait froid et moite à l'extérieur, et c'est la même chose à l'intérieur du refuge. Pour manque de pétrol, la pièce pour faire sécher les fringues n'est pas chauffée, et on attend la quasi-onscurité totale pour allumer les lumières. Cela étonnera-t-il quelqu'un que je me sauve vers huit heures du soir dans le dortoir ?
13.08.2010: Turtmannhütte - Gässi, 2641m - Schöllijoch, 3343m - Inneres Barrhorn, 3583m - Üsseres Barrhorn, 3610m - Schöllijoch - Turtmannhütte - Gruben - Visp - Saas Grund, 1559m
(extrait carte Swisstopo)
Je me lève de mauvaise humeur: la météo n'est toujours pas très bonne et ce refuge pourtant jouissant d'une très bonne réputation reste froid, moite, dépourvu de lumière et d'ambiance. J'évite tout contact avec les autres visiteurs pendant le petit déjeuner et suis le premier à sortir. Aussitôt, je me mets en route vers le Gässi. Ce couloir obscure a l'air formidable de loin mais je peux vous assurer que ça passe très bien (petit sentier, raide certes, mais on est bien aidé par des câbles mis en place).
... tandis que de l'autre côté de la vallée, les nuages se lèvent enfin et laissent apercevoir ce magnifique paysage pour lequel je suis venu: en premier plan, la langue du Brunegggletscher, et derrière, à gauche, le Turtmanngletscher, surmonté du Diablon des Dames, 3538m, et des Diablons, 3609m.
Ca y est: enfin un 4000 en vue ! Les sommets jumeaux du Bishorn se dessinent contre un magnifique ciel azur: la pointe Burnaby, 4135m, à gauche, et le sommet principal, 4153, à droite. J'aperçois des cordées montant au sommet par la voie normale: oh la la, je donnerai beaucoup pour être là, une fois qu'on a goûté à l'air rarifié à 4000m, on veut y retourner, c'est comme une drogue.
Mais aujourd'hui je devrai me contenter des sommets secondaires du coin. Ici, vue sur le glacier de Schölli (j'ai vu quelques crevasses) et le Schöllihorn, 3499m.
Il a bien neigé en altitude ces derniers jours, je me retrouve dans la neige à partir d'une altitude de 3100m.
Après 2h30 de marche, j'atteinds le Schöllijoch, 3343m. Le paysage autour de moi est tout blanc, ce qui n'est pas forcément un désavantage puisqu'on monte mieux dans de la neige que dans de la caillasse fine. On voit bien les deux sommets du Barrhorn et le sentier qui y monte, bien visible encore malgré la neige.
Je traverse le sommet du Inners Barrhorn, 3583m, dans le brouillard. Bien que je dois de temps en temps chercher mon chemin et éviter des parties plus raides rendus traitres et glissantes par la neige, je suis confiant et poursuis mon chemin. Entre les deux sommets, vue magnifique sur cette falaise verticale haute de 300 mètres.
Dernière montée raide (je sens quand même un peu l'altitude), et me voilà arrivé au sommet du Üssers Barrhorn, 3610m.
Bien que la vue n'est pas géniale (qué dommage !), je prends une bonne pause et reste une demi-heure au sommet, tout seul comme j'aime bien. Ensuite, descente vers le Schöllijoch, en contournant l'Inneres Barrhorn. Je le trouve bien alpin et impressionnant, ce Barrhorn !
Superbe vision: le sommet du Weisshorn, 4506m, et la partie supérieure de la fameuse arête nord (AD+). Le Bishorn est également un sommet majestueux, c'est sûrtout son arête est (à gauche), et non la voie normale, qui m'intéresse beaucoup.
De retour au Schöllijoch, je regarde un peu de quoi a l'air la via ferrata qui remonte au col depuis la Topalihütte et le glacier de Schölli. Quelques randonneurs arrivent au bout justement à ce moment-là: ça souffle et ça se tombe dans les bras ! Mmm, pas si facile peut-être ?
Retour dans un paysage plus chaud, plus vert, et ça fait du bien aujourd'hui. En haut, de gauche à droite: Üssers Barrhorn, Inners Barrhorn, Schöllihorn.
Plus rien à signaler par rapport à la suite de la randonnée: j'arrive au refuge, bois un bon petit panaché, retrouve mon T-shirt que j'avais oublié le matin, et poursuis mon chemin vers la vallée.
De retour à la voiture, je décide de me trouver un camping dans le Val d'Anniviers voisin. En effet, le prochain sommet que je décide de m'offrir est le Pigne de la Lé, 3396, au-dessus du barrage et du refuge de Moiry.
Hélas, mes recherches n'aboutissent à rien ! Je n'ai pas de chance: des 4 campings dans le Val d'Anniviers, aucun me plaît: celui de Grimentz est un bête terrain vague dans un bois éloigné du centre sans douches ni toilettes; celui de Vissoie est mal situé et semble plutôt être un camping de résidence; celui de Mission, je ne l'ai jamais trouvé, et le dernier, celui de Zinal est... fermé.
Agacé, je décide de me tenir à mon plan original, et retourne sur Visp, pour ensuite me rabattre sur Saas Grund, où le camping du Kapellenweg est bel et bien le genre de camping que j'adore. Après une longue journée, une pizza et une bonne bière pour fêter un beau sommet, je me retrouve vite dans les bras de Morphée, malgré la pluie qui a commencé à tomber de façon incessante depuis le début de la soirée...
14.08.2010: Saas Grund
... et qui continuait toute la journée du samedi ! Quelle galère: entre ennui, lecture non-stop, manger, dormir, rien à signaler tout simplement !
15.08.2010: Saas Grund - Saas Fee, 1798m - Gorge Alpine via ferrata (KS3) - Saas Grund
Aujourd'hui, je suis sensé rencontrer mon guide Albert et monter au refuge Britannia, notre objectif du lendemain étant l'Allalinhorn par la Hohlaubgrat. Mais il pleut toujours et on peut voir de la vallée que la neige est tombé très bas. Par pure hasard, je rencontre Albert et son groupe qu'il est sensé guider sur le Lagginhorn. Rien de tout cela, il fait trop mauvais, 60cm de neige en une nuit et risque d'avalanches. Pendant quelques minutes, des éclaircies se montrent et on peut voir un fabuleux paysage... hivernal autour ! (Allmagellerhorn, 3327m).
Albert m'invite à joindre son groupe et à faire la descente de la Feevispa par la via ferrata"Alpine Gorge", car aujourd'hui aussi, il ne sera pas possible d'entreprendre quelconque ascension ! Je suis quand même heureux de sortir de la tente et du camping et je m'associe volontiers à son groupe (un allemand, une suissesse). Je joue au taxi et conduis tout le monde à Saas Fee où on se gare dans l'enorme parking.
Tout cela n'est guère difficile mais je fais quand même très attention car c'est très glissant et il a recommencé à pleuvoir.
Même si on n'est pas en haute montagne ici, ça fait du bien de se retrouver dans un endroit aussi sauvage.
On est suivi de près d'un autre groupe. Au-dessus, le pont reliant Saas Fee et le hameau "Zum Steg".
Ça fait du bien de revoir Albert après deux ans, mais j'aurai quand même préféré faire une vraie montagne avec lui.
Deuxième tyrolienne de la journée.Pont suspendu à 50m au-dessus au-delà de la gorge. Pas mal, mais incomparable à celui de la via ferrata du Jägihorn parcourue l'année passée.
C'est la fin: un dernier rappel et on termine l'Alpine Gorge au début de l'après-midi.
Après un coup de fil à la Britanniahütte, Albert et moi décidons d'abandonner le projet de la Hohlaubgrat: trop de neige encore pendant au moins deux jours. Albert me propose de passer la nuit chez lui à Spiez, peut-être qu'il y aurait moyen de faire une course dans l'Oberland ?
Après avoir traversé le tunnel du Lötschberg, on arrive à Spiez. Je fais connaissance avec la charmante femme d'Albert, Fränzi, et nous faisons des plans pour le lendemain.
Malheureusement, la météo nous joue un mauvais tour. Un front froid s'abattra sur la Suisse, empêchant toute activité alpine. De voix commune, Albert et moi décident de laisser toute tentative telle quelle. Tant pis, ce sera pour une autre fois. C'était à nouveau une belle sortie, et les idées pour l'année prochaine se mettent déjà en place !