mercredi 29 juin 2011

Breithorn, le plus facile des 4000


(extrait carte Swisstopo)

Mercredi 29/06/2011: Breithorn ouest, 4164m, F

Vu du nord, le massif du Breithorn a vraiment l'air majestueux avec ses 5 sommets tous dépassant la barrière magique des 4000m. Le sommet ouest, culminant à 4164m, constitue un but d'excursion facile en partant de Zermatt et propice à l'acclimatation pour des objectifs encore plus élevés. Et comme ça fait déjà quelques années qu'on en parle de ce sommet-là, qu'on est justement à Zermatt et qu'on veut agrandir notre petite liste de vanité sans beaucoup de peine :-), on décide d'y aller !

On se lève de bonne heure et prenons le petit-déjeuner. Ensuite, nous nous dirigeons lentement en direction de la station inférieure du Kleinmatterhornbahn. Hormis quelques inévitables ressortissants du pays du soleil levant, les rues de Zermatt sont désertes: quel contraste avec le chaos qui y règne pendant la journée !

On s'en lasse jamais de ce sommet-là !

Nous sommes pas les seuls à prendre la première benne en direction du Kleinmatterhorn, on dirait que toutes les équipes nationales jeunes de ski des états de l'Europe de l'est sont rassemblées à Zermatt pour profiter du ski d'été sur le glacier. Ce qui nous fait vraiment mal par contre c'est le prix A/R d'un billet pour le Kleinmatterhorn: ça revient à €96 ! Pfff, non seulement Zermatt est très cher mais le cours de change du franc suisse est absolument dans notre désavantage cette année.

Arrivés en haut à 3817m, nous prenons le long tunnel qui nous mène du côté des pistes et du glacier. On est les premiers alpinistes aujourd'hui, pas de stress donc. On met baudrier et crampons et on s'encorde. C'est parti !

Les premières centaines de mètres se font le long de la piste de ski. Ensuite, nous bifurquons à gauche en direction du Breithornpass, 3824m. C'est plat et très monotone ! Aucun problème d'orientation, il n'y a pas de brouillard et on n'a qu'à suivre les traces, non le boulevard qui mène vers le haut.

Vers 3900m, la pente se raidit un tout petit peu. Les conditions sont excellentes, ou peut-être un peu trop chaud quand même.

Petite pause, et on se met à l'"assaut" des pentes finales peu raides (30°).

Ha! Nos corps se sont déjà bien adaptés à l'altitude et c'est sans peine que nous atteignons après une heure et demi de marche le sommet du Breithorn ouest. On est tout seul au sommet, c'est génial ! Derrière nous, Cervin et Dent Blanche, les véritables stars du coin.

C'est mon onzième 4000, le 8ème de Rêveur 4000 D.

Dans l'autre direction, le Breithorn central, les deux sommets du Lyskamm et les hauts sommets du Mont Rose: que des objectifs futurs encore !

Gros-plan sur le Cervin. Comme est encore tôt dans la saison, celui-ci porte encore un beau manteau de neige.

Du côté du Breithornpass, on aperçoit les premiers groupes guidés.

Je communique à Rêveur 4000 D mon désir de poursuivre jusqu'au sommet central du Breithorn, tout à fait à droite sur la photo (on voit la trace d'ailleurs). Cependant, mon ami ne la sent pas cette traversée (la qualité de la neige, les corniches ?). Nous poursuivons le chemin via l'arête qui devient un peu effilée et arrivons après quelques minutes au col séparant les deux sommets. Rêveur 4000 D ne veut plus continuer. Je suis très déçu, je ne voie pas de problème, la neige semble bonne et la trace est assez éloigné des corniches. Comme je ne veux pas me désencorder et poursuivre le chemin tout seul, comme le propose Rêveur 4000 D, nous décidons de descendre directement en direction du Breithornpass. La déception de ne pas ajouter un nouveau 4000 à ma liste est alors remplacée par un sentiment de rage, d'incompréhension de ma part.

Rêveur 4000 D et moi-même ne se parlent plus, c'est le conflit (la première et unique fois de ce voyage, qui s'est déroulé super bien sinon). Ce n'est que beaucoup plus bas, au niveau de la piste de ski, qu'on s'explique. Finalement, je me décide à accepter le comment et pourquoi du désir de mon compagnon de cordée de ne pas poursuivre jusqu'au sommet central et oublie l'affaire. De toute façon, on reviendra ici pour faire la traversée complète du Breithorn ! (visibles sur la photo, de gauche à droite, sont le sommet ouest, 4164m, le sommet central, 4159, le Breithornzwilling ouest, 4139m, et est, 4106m).

De la cabine du téléphérique qui nous ramène à Zermatt, on profite d'une belle vue sur la face ouest du Breithorn. Ah, Breithorn, on n'a pas encore fini avec toi !

mardi 28 juin 2011

Balfrin (3795m) - Gross Bigerhorn (3626m) : traversée (PD-)


(extrait carte Swisstopo)

Lundi 27/06/2011 : montée à la Bordierhütte 2886 m

Et oui, le jour même de notre "petite" sortie au Pigne de la Lé nous remettons le couvert pour le traversée Balfrin Bigerhorn. Quel périple ! Nous verrons que la forme était là mais les limites physiques aussi.

Il n'empêche que cette longue montée à partir de Gasenried (1659 m) est un vrai bijou de randonnée, à conseiller à tous les amoureux de montagne sauvage. De plus l'accueil de la BordierHütte est purement fantastique. Il faut dire que nous avions essayé de réserver par téléphone la Cabane Tracuit pour le Bishorn et le gardien nous avait vertement répondu que puisque nous n'avions pas réservé assez tôt (entendons plusieurs jours) nous ne pouvions simplement pas venir, alors que le refuge était probablement pratiquement vide.


Haaa, quelle belle montée, mais il fait chaud (33° dans la vallée) et nous n'avons pas beaucoup d'eau. Mais bon, tout va bien, il fait beau et la montagne est accueillante. Nous devons simplement presser le pas si nous voulons manger chaud le soir car il est déjà 14h00.



Voici le torrent qui nous indique que nous sommes à 2000 m, nous avons été assez rapide jusqu'alors, gageons que ça sera le cas tout le temps. Le décor est magnifique, nous ne nous en lassons pas. Le Dirruhorn nous tend son arête nord (première ascension par Mummery himself svp) et by fear means.


Ici, de l'avis général, nous foulons l'endroit de bivouac idéal. Tout y est réuni mais la beauté du lieu plus que tout.


Petit portrait (pas mal ma foi), devant les panneaux jaunes typiques. Bordier est encore loin mais bon, la température baisse en montant normalement c'est une bon point pour nous d'autant que les réserves d'eau diminuent.


Nous sommes sur la moraine du riedgletscher que nous voyons en haut de la photo, le refuge se trouve en amont rive droite, il reste du chemin.


Pffff fait chaud, fait soif !!!!!!

Nous sommes maintenant à la bifurcation menant soit à la Bordier hütte ou au Galengrät (course recommandable soi dit en passant)


Le Dirruhorn, quelle classe, on dit de lui qu'il est le plus petit ou insignifiant du quatuor de la Nadelgrat mais vu d'ici ou d'ailleurs en général, il dame largement le pion à ses voisins. Il est pour moi (rêveur 4000 D) le plus attrayant des quatre compères.

Génial, la traversée du glacier, nous allons pouvoir boire à satiété.

Nous pouvons apercevoir la traversée du lendemain Balfrin à droite et Bigerhorn à gauche.

La Bordier hütte, je n'osait plus la rêver, la fantasmer... Cette montée nous a littéralement pris nos dernières forces et le moral, l'attrait de la bière fraîche nous faisait avancer pas à pas vers le nirvana.

La cabane Pierre Bordier est nommée ainsi en l'honneur du donateur qui permit sa construction. Pierre Bordier est né en 1872. Fils d’Ami et Fanny Reverdin. Épouse Mathilde Perrier, qui rédigea en 1940 l'histoire de "la Vieille Maison" de Versoix qu'elle signa sous le diminutif de "Tilla". Membre du Club Alpin Suisse, Pierre Bordier n’hésite pas à faire un don important qui conduira à la construction de la Bordier hütte.
Pierre Bordier est convaincu de la nécessité de moments d’arrêt, dans l’agitation de la vie actuelle-, d’occasions d’apaisement et de retour aux sources : une manière pour chacun de retrouver ses racines, son identité, sa spécificité.


Nos amis quadrupèdes se délectent du sel posé par les gardiens tandis que nous sombrons dans un profond sommeil réparateur. Nous ne sommes pas prêts d'oublier cette journée.


Mardi 28/06/2011 : traversée Balfrin 3795 bigerhorn 3626


Nous avons passé une excellente nuit, mais elle fut courte car nous sommes réveillés vers 3h00 du matin. Néanmoins, nous ne boudons pas notre plaisir puisque les conditions sont chaudes il faut parti tôt.
Nous allons monter au Blafrin par l'arête sud et continuer jusqu'au Gross Bigerhorn. Il est le dernier sommet glaciaire important de la grande chaîne de Mischabel. Il n'en a pas la réputation mais constitue une course d'altitude intéressante nonobstant la qualité de son rocher. Sa première ascenson fut le lot de R. S Watson, Mrs R.S.Watson avec F. Andermatten, J.M. Claret et J.J. Imseng curé de Saas le 6 juillet 1863

Aux petite heures nous sommes donc en route vers les étoiles, à la poursuite de nos rêves n'étant pas bien éveillés. Nous cherchons notre chemin parmi les pierres et les névés jusqu'au glacier et le jour qui pointe à l'est.


Le Dirruhorn prend le soleil bien avant nous, nous révélant le profil de son arête nord suivie par Albert-Frederick Mummery, William Penhall, Alexander Burgener, Ferdinand Imseng.

L'accès à l'arête au petit matin.


Nous y sommes, le rocher est moyen mais il y a beaucoup de neige, tout tient très bien si on reste sur le fil. Globalement l'escalade est agréable.

La vue est sans équivalent, Lenzspitse, nadelhorn, Stecknadelhorn et hobärghorn

Quelle vue et quel beau glacier, relativement peu fréquenté, le bonheur.

Bha, ne boudons pas notre plaisir, le rocher tient bien sur l'arête et tant que nous ne nous en éloignons pas nous ne brassons pas de neige. Comme à l'accoutumée Rêveur 4000 H m'assure tandis que je le rassure sur l'itinéraire.

On approche du premier sommet de la journée : la Balfrin (3795 m). Le décors devient plongeant, comme nous l'aimons et le grand beau est de la partie, plaisir, plaisir, plaisir

Top, le sommet vers 7h30. Il est très large et très confortable.

La vue en tout sens est merveilleuse, ici le début de la Nadelgrät avec sur sa gauche le Lenzspitz avec le Dom en fond. On voit très bien la fin de la voie normale du Nadelhorn.

Mont Rose, Strälhorn et ... Rimpfischorn tiens tiens

Ha, voici la suite de évènements, l'antécime du Balfrin, un trajet qui ne prend en temps normal que quelques minutes, on verra la suite.

Rêveur 4000 H prend le soleil, se réchauffe et reprend des forces pour la suite.

Le Weisshorn mais du nord cette fois.

J'assure Rêveur 4000 H corde bien tendue car la pente est assez raide et exposée ici. Franchement au vu des photos je n'aurais pas parié sur une pente pareille.

vu du bas, l'antécime du balfrin, pour laquelle nous avons vraiment bataillé tant la neige molle nous ralantissait, j'en ai eu parfois jusqu'au dessus des genoux et même à l'entre-jambes. Il fait chaud ici à 8h00 du matin.


Le col qui sépare le Balfrin du Biggerhorn. Nous nous réjouissons de la transition avec le rocher tout chaud et adhérent.


Encore une fois, on se lève tôt le matin pour ces petits moments passés avec un bon compagnon de cordée dont on sait qu'on peut lui faire confiance laissant libre cours à ses pensées sur un terrain ainsi. Comme ça passe partout nous tirons de grandes longueurs toute crête. On profite comme ça du panorama des deux versants en permanence.

Quelques points d'assurance pour être vraiment sûr, et puis c'est vraiment amusant.

Top : sommet du Gröss Biggerhorn. On en voulait encore mais il n'allait pas plus haut. Nous ferons une grande pause la haut parce que nous n'avons pas du tout envie de redescendre. L'altitude c'est cela, un petit quelque chose qu'on partage avec son compagnon de cordée mais sans rien dire.


Farniente

On a toujours l'air autant malin que sur les autres


Bon, là, concentration, c'est pas le moment de se casser la pipe. Ça plonge et ça glisse, tout le haut de la pente est verglacée. On essaye sans crampons mais ça prend vraiment trop de temps alors on rechausse. Un assassin glisse et me balance le produit de son action (un bloc de la taille de deux encyclopédies), je me taille comme un lapin à flanc et on en est quitte pour une bonne poussée d'adrénaline.
Quel clapier (pour un lapin comme moi) et dire que beaucoup font la traversée dans l'autre sens avec départ de nuit là dedans, il y en a qui cherchent toujours.

Quelle descente et quelle course. Ce fut long mais compte tenu des conditions c'est passable, on n'aura pas la mention.

Après la bière de fin de course, la descente dans la vallée, c'est naturellement la cerise sur le gâteau. En deux jours on aura tout de même fait + 2600 et - 3300 . Pour un deuxième jour en montagne ça chauffe.

LE soir nous étions à Zermatt, qu'il ne faut pas présenter. Chouette petit camping peuplé d'alpinistes sans le sou. Bonne nuit.